L’ALTER EGO
France – 2020/2021
Genre : Fantastique
Scénariste : Näamlock
Illustrateur : Monsieur K.
Editeur : Artus
Pages : 48 pages
Date de Sortie : 22 octobre 2021
LE PITCH
L’Alter Ego raconte le quotidien jour après jour de Martin et sa relation compliquée avec la mystérieuse Alice, qui l’encourage à concrétiser ses rêves de cinéaste frustré. Son grand projet est de réaliser un Giallo, thriller érotico-gore popularisé dans les années 70 et dans la lignée de certaines œuvres maîtresses d’Hitchcock. Mais Alice a des secrets et leur histoire prend un tournant inattendu…
Faux-semblants
Éditeur cinéma éclairé et grand amateur de films de genre européens, Artus Films se lance dans l’édition de BD. Une expérience entamée avec le présent L’Alter Ego, récit sentimental et inquiétant où bien entendu le 7ème art vient rapidement pointer son nez.
Une bande dessinée au concept assez particulier qui déjà s’amusait à mettre ses auteurs à l’épreuve avec la diffusion quotidienne d’une case représentant un moment particulier dans la journée de nos protagonistes. Une contrainte qui oblige effectivement à une construction elliptique du récit et qui découvrait un écho très particulier avec les aficionados qui en suivaient la publication entre janvier et octobre 2020… Autant dire que certaines scènes de huis-clos, l’enfermement que le lecteur pouvait ressentir devant certains dialogues entre Martin et sa nouvelle petite amie, pouvaient s’avérer alors plus inquiétantes encore. Inquiétante car si les premières pages imaginées par Näamlock (Alpha Omega) se déroulent comme l’évocation des derniers jours en solitaire de Martin, père divorcé résigné, ses premiers speed dating orchestrés sur meeting et enfin sa rencontre avec Alice, les choses vont forcément se gâter en cours de route.
Le Créateur
Des secrets, des disparitions, des réactions étranges, le cadavre d’un chat découvert dans la cage d’escalier, une maladie qu’elle ne veut pas traiter, la vie amoureuse et familiale de Martin se désagrège de jour en jour alors que sa vie professionnelle semble enfin décoller. Car Martin est un vrai cinéphile, un amoureux du bis et de l’horreur, remettant sur rails un vieux scénario de Giallos moderne. Les références ne sont jamais envahissantes, ne tombent jamais dans le fan service, mais ces dernières sont cependant là pour éclairer la voie au lecteur et annoncer, à demi-mot, le pire à venir. Si cette première publication journalière peut avoir effectivement limité l’application graphique de Monsieur K. (Ze Palmipède odyssée, Maria veut un enfant), obligeant à une certaine efficacité, voir simplicité, il assure cependant un rythme implacable, une progressive, mais on ne peut plus efficace, montée en tension jusqu’à un premier twist quelque part entre le body horror de Cronenberg et la déconstruction hitchcockienne. Surprenant, la seconde moitié du récit change de teintes principales (avec un fond rosé) et de narrateur et s’enfonce plus généreusement encore dans les codes d’un pur récit horrifique en se déroulant, en partie, dans les coulisses du tournage du fameux L’Ultime battement d’ailes de tes sombres désirs, thriller à l’italienne manifestement assez gore et nappé de satanisme. Une joyeuse mise en abime pour un album décidément surprenant autant dans ses résolutions que dans sa forme, véritable déclaration d’amour au cinéma de genre des années 70-80 tout autant qu’une métaphore cruelle des difficiles relations à l’autre.