LA COMPAGNIE ROUGE
France – 2023
Genre : Science-Fiction
Dessinateur : Jean-Michel Ponzio
Scénariste : Simon Treins
Nombre de pages : 128 pages
Éditeur : Delcourt
Date de sortie : 11 janvier 2023
LE PITCH
Dans un lointain futur, les guerres ne font plus de mort, mais sont un sport, mené par des robots de combat contrôlés à distance par des mercenaires. Fasciné comme tous les ados par ces mercenaires, le jeune Flint va choisir de quitter sa planète agricole pour les suivre dans leurs missions, dans l’espoir de devenir l’un d’eux, pour le meilleur et pour le pire.
Visions du futur
Curieux destin pré-éditorial que celui de La Compagnie rouge, annoncé depuis longtemps déjà, repoussé une ou deux fois, et qui a surtout perdu en cours de route le terme « tome 1 » et le sous-titre « Premier sang ». De l’annonce d’une nouvelle série à un unique volume, de 130 pages certes, en forme de one-shot… Il s’est forcément passé quelque chose en coulisses…
D’autant plus étrange que cette bande dessinée étaient alors créditée au nom du solide et productif Jean-Pierre Pécau (Capitaine Vaudou, Nevada, Le Dernier dragon…) avant de passer entre les mains d’un certain Simon Treins, beaucoup plus discret puisqu’on ne lui connait que deux publications : Reines de sang La Kahina et Tuez de Gaulle. Un pseudonyme ? Effectivement. Et nous voilà déjà à tirer des conjectures sur la forme qu’aurait pu ou qu’aurait dû avoir La Compagne rouge qui, malgré sa forte pagination, ressemble avant tout à une longue et imposante installation d’un univers futur. Un futur extrêmement lointain où les guerres et les conquêtes se font essentiellement en engageant des confréries de mercenaires qui s’affrontent par machines et IA interposées. Fasciné par ce monde et alors que l’un de ces conflits vient de s’achever sur sa planète agraire, le jeune Flint, s’engage à bord du vaisseau de la célèbre Compagnie rouge et devient leur archiviste, découvrant peu à peu leur fonctionnement, leurs secrets et des frontières lointaines du cosmos.
En dérive
De la SF costaude, qui semble avoir longuement réfléchi et travaillé ses articulations autant que ses arrière-plans politiques, sociaux et technologiques, mais qui effectivement met très laborieusement en place ses enjeux proprement dit (une mission risquée qui se transforme en piège prévisible), avant de les régler dans une seconde partie toute en batailles spatiales et en accélérations. Quelques ellipses étranges font disparaitre ou réapparaitre quelques protagonistes, tandis que la nature même de l’Argo, ce gigantesque croiseur qui semble défier le temps, est éventé en un gros flashback et quelques explications expéditives. Avec sa fin largement ouverte, La Compagnie rouge a de gros airs d’œuvre inachevée, à fort potentiel, mais définitivement trop écrasé ici. Cependant, l’artiste Jean-Michel Ponzio n’a pas bougé lui et continue de travailler des planches avec un hyper réalisme des plus poussés. Préparant ses pages en croquis et storyboard puis leurs donnant corps dans son studio de photographie avant de retravailler le tout avec constructions en synthèses, retouches numériques et colorisations contrastées, l’artiste ne plait certainement pas à tout le monde avec ses airs de romans photos. Pas si étonnant de le retrouver alors sur des adaptations officielle type Plus belle la vie, mais il est vrai que ce style très particulier donne une texture particulière dès lors qu’il s’adonne à la science-fiction ou au Space Opera comme ici, offrant une crédibilité et une proximité certaine avec le récit, même si l’ensemble parait souvent figé. Une curiosité jusqu’au bout donc. Une lecture assez intéressante et bizarrement complexe où l’on ne sait jamais vraiment où l’histoire se dirige. Peut-être ne le savait-elle pas elle-même ?