LA VOIE DRAGON

The Dragon Path – Etats-Unis – 2021
Genre : Aventure, Fantastique
Dessinateur : Ethan Young
Scénariste : Ethan Young
Nombre de pages : 200 pages
Éditeur : Glénat
Date de sortie : 6 mars 2024
LE PITCH
Dans les lointaines contrées chinoises, le clan Wong, un peuple de nomades, quitte sa terre sinistrée pour rejoindre un lieu mythique, le Vieux Pays… Mais pour y parvenir, le clan doit d’abord emprunter la voie dragon où règnent ses ennemis jurés, la tribu du Dragon. C’est le début d’un long voyage pour le prince Sing qui se retrouve rapidement séparé des siens lors d’une attaque surprise. Grâce à l’aide de Ming, un puissant mystique du Vieux Pays, et de Minuit, une étrange créature ayant l’apparence d’un gros chat, le prince va tenter de sauver sa Tribu d’une destruction mutuelle.
Le Dernier maître de l’air
Glénat a malheureusement depuis un petit moment abandonné sa collection comics, mais ne s’interdit tout de même pas quelques petits pas de côté. Comme ici avec La Voie dragon, BD américaine effectivement un peu atypique puisqu’elle fut éditée là-bas directement en un seul volume et qu’elle cultive un univers très loin du continent américain.
Artiste émergeant sur la scène des comics, Ethan Young se fend parfois de quelques reprises de licences fortes (comme la suite de Firefly), mais aussi avant tout de créations personnelles dont l’une des particularités est de traiter de sujets ou mettant en valeur des personnages faisant directement écho à ses origines sino-américaines. Une touche pas si fréquente que cela dans le petit monde de la BD occidentale, lui permettant, par exemple, de livrer un récit de guerre déchirant avec le très sérieux Nankin la cité en flammes (édité par Urban China). Si ce nouvel album baigne encore généreusement dans le bain historique et culturel de la chine, il le fait cependant avec une petite distance fantastique. La Voie dragon se déroule ainsi dans un monde fantastique où les grandes formes de la chine ancestrales cohabitent avec de gigantesques véhicules motorisés, tandis que la fameuse voie dragon est bel et bien le territoire d’humanoïdes reptiliens menés par un certain Komodo Khan. De la même façon, le ton se veut beaucoup plus léger et surtout met en avant la jeunesse de son héros, le prince Sing qui va découvrir en retrouvant la terre de son peuple, le Vieux Pays, toute la vérité sur ses ancêtres, ses origines, sa nature et un monde où rien n’est jamais ni tout blanc ni tout noir.
Félin & Dragons
Un grand récit initiatique, volontairement très classique, où le jeune homme apprend, au contact d’un vieux mage et d’un gigantesque chat à corne (dit « le Monstre » ou Nocturne pour les amis) que lui aussi possède quelques pouvoir et le moyen de contrôler l’orbe de Jade. Un récit qui met bien évidemment en avant l’action, le fantastique et le merveilleux grâce à des dessins soignés et dynamiques et un découpage limpide aux cases rectangulaires tirant vers le format cinéma… Mais qui permet aussi à l’auteur de confronter l’enfance au monde plus tortueux des adultes, d’aborder les thèmes de l’opposition entre les classes, le racisme d’une certaine façon, mais aussi par cette notion d’un pouvoir à utiliser avec parcimonie à installer une analogie avec l’importance de respecter son environnement et de mesurer sa consommation de ressources naturelles. La Voie dragon est bien une BD d’aventure, presque sans temps morts et sans jamais vraiment dévier de sa ligne directrice première, mais il a le mérite de vouloir ouvrir la porte à quelques idées et concepts un peu plus complexes pour les jeunes lecteurs.
Ainsi même si les plus grands ne pourront que reconnaitre les talents visuels de l’artiste et se plairont à parcourir l’ouvrage, La Voie dragon est véritable un comics dit « jeunesse », travaillant une structure narrative éprouvée, des ressorts assez prévisibles et une atmosphère qui ne serait pas sans rappeler certains films d’animation familiaux (qui a dit Raya ?). Très sympathique, mais ce sont clairement les gamins qui vont adorer.