LA VENGEANCE

France – 2024
Genre : Western
Dessinateur : David Wautier
Scénariste : David Wautier
Nombre de pages : 96 pages
Éditeur : Anspach
Date de sortie : 15 mars 2024
LE PITCH
Wyoming, XIXe siècle. Richard Hatton avait tout pour être heureux : un lopin de bonne terre où il avait construit sa ferme, ainsi qu’une magnifique épouse qui lui avait donné deux beaux enfants. C’était sans compter sur Jim Pickford et ses deux acolytes. Tombant par hasard sur la ferme des Hatton et sur Mary restée seule, ces trois salopards en profitent pour la violer et la tuer. À son retour chez lui, Hatton voit sa raison chanceler. N’y tenant plus, Hatton vend sa ferme et part à la recherche des assassins de sa femme.
Impitoyable
Connu pour ses carnets de voyages et ses ouvrages pour jeunes lecteurs (Herbert et la machine, Montre-toi montagne ! …), David Wautier change de registre. Autant western classique à la John Ford que drame familial, La Vengeance est le récit d’une traque dont on ne revient pas indemne.
Constamment en train de dessiner, de réinterpréter graphiquement son environnement, David Wautier impressionne toujours autant sur son blog lorsqu’il donne corps à des paysages splendides, humains et naturels, toujours doté d’une atmosphère feutrée… Des petits instantanés d’éternité. Ces derniers sont forcément au centre de La Vengeance. Comme un personnage omniprésent, le Wyoming, ses plaines sèches et surtout ses montagnes ensevelies sous la neige, scrute les petits êtres qui l’habitent, le traversent et s’y écharpent à coups de poings ou à coups de balles. Ils semblent tous si petit au milieu de ces vastes aquarelles et ses décors majestueux. L’artiste n’a pas son pareil pour plonger ses protagonistes dans une terrible tempête de neige, pour souligner leur statut éphémère perdus dans des panoramas « bigger than life ». De quoi justement donner à cette quête aveugle de vengeance un aspect plus tragique et vainc, Richard Hatton mettant totalement fin à son existence en revendant sa ferme et en entrainant ses enfants au péril de leur vie, pour retrouver ceux qui ont tué et violé son épouse. Au cours du périple, ce dernier perd peu à peu son identité, alors que Anna et Tom attendent désespérément qu’il redevienne lui-même.
Trois hommes à abattre
Intimiste, La Vengeance l’est assurément questionnant l’abnégation du personnage, soulignant constamment les sacrifices qu’il est prêt à faire et sa perte d’identité. Sans trop de mots, Wautier donne corps à trois figures, le père et ses enfants, où l’on perçoit rapidement la personnalité de chacun, leurs relations, leurs attentes, leurs tristesses et une surtout une blessure toujours à vif. Un western reposant plus sur les atmosphères silencieuses, que sur les chevauchées endiablées et l’action virile. Pourtant celle-ci est tout aussi nécessaire, La Vengeance maitrisant joliment sa lente ascension vers une confrontation qui, bien entendu, ne se passera pas tout à fait comme prévu. Un joli voyage, assez simple, direct, mais touchant autant qu’efficace, livrant justement un ultime face-à-face aussi tendu que réaliste avec deux hommes à bout de forces mais pas de volontés. Au passage l’auteur s’amuse d’ailleurs à glisser quelques clins d’œil à l’univers du western américain. L’histoire relativement classique plonge effectivement ses racines dans l’âge d’or du genre, et les amateurs ne pourront que reconnaitre les célèbres nattes de Cent dollars pour un shériff d’Henry Hathaway ou le visage du grand Gene Hackman… dans le rôle du salopard de service, bien entendu.