LA FIN DU SYSTÈME T.1
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カモのネギには毒がある 加茂教授の人間経済学講義 – Japon – 2022
Genre : Thriller, Comédie
Dessinateur : Shinobu Kaitani
Scénariste : Takeshi Natshuhara
Nombre de pages : 209 pages
Éditeur : Delcourt / Tonkam
Date de sortie : 8 janvier 2025
LE PITCH
Yohei Kamo, un économiste japonais de talent, décide de rendre public des théories dans lesquelles on démontre que la société profite aux puissants, au détriment des plus vulnérables financièrement… Il décide alors de mettre en pratique ses arguments et d’empoisonner le pouvoir !
Cours de rattrapage
On le sait, le manga n’a peur de rien et aborde à peu près tous les sujets et tous les genres offrant un panel de lectures presque infinies. Cela n’empêche qu’un titre comme La Fin du système, et son approche aventureuse et fun des arcanes de l’économie moderne, a des airs, bienvenus, d’anomalie.
Pas franchement la notion la plus sexy du monde ni la plus simple à aborder en fiction, l’économie est pourtant ce qui régie actuellement le monde. Yohei Kamo, professeur star, mais absentéiste, d’une grande université en est conscient et parfaitement convaincu. Sa passion pour les mécaniques et réseaux financiers, et surtout son génie pour les analyser et les contourner, en font aussi un joyeux milliardaire, farfelu et préférant passer son temps sur le terrain à décortiquer les brèches et les injustices du système. C’est que justement pour lui l’économie a été détournée de sa voie et ne participe plus à améliorer le monde et égaliser les richesses mais permet uniquement aux plus puissants de continuer à s’enrichir sur les autres. Un monde de pigeons où il faut choisir entre plumer ou se faire plumer. L’arrivée de Misaki Natori, élève en deuxième année un peu naïve mais sérieuse, va permettre au lecteur de découvrir les multiples travaux appliqués du héros et de ses assistantes, qui enquêtent sur de multiples arnaques financières, détournements de fond et autres associations de malfaiteurs souvent sordides (pillages des fonds publics, proposition de prêts contre services en natures…) et mettent en place de joli traquenards pour prendre les criminels, souvent à cols blancs, à leurs propres pièges.
L’économie pour les nuls
Takeshi Natsuhara (Yakuza Reincarnation) huile parfaitement ses petites mécaniques bien efficaces, ménage ses petits effets de suspens et arrose le tout d’une bonne dose d’humour décalé. Aussi brillant que déconnant, Yohei Kamo fait parfois penser à Ryo Saeba de City Hunter ou au Phoenix Whright des Ace Attorney dans sa bipolarité très visuelle et drolatique. Mais aussi divertissante que soit ce premier tome, il marque aussi une réelle volonté de s’ancrer dans des questionnements tout à fait sérieux et de refléter l’état économique et social du Japon post-Covid. Que ce soit les braves commerçant escroqués par un faux système d’assurance, une mère de famille poussée au pire par des pervers utilisant la façade d’une association d’entraide ou des fonctionnaires s’insinuant dans les faiblesses administratives, les notions sonnent aussi vraies et crédibles, que tout à fait universelles. Sans aucune lourdeur ou effets plombant, Takeshi Natshuhara se montre aussi très habile pour vulgariser des notions complexes ou faire visualiser des systèmes aux contours plus abscons au commun des mortels que nous sommes. Une lisibilité épaulée par les dessins toujours clairs et nets de Shinobu Kaitani (Sommelier, Liar Game), aux contours réalistes, plus fins, mais joliment expressifs. Ici les décors se font assez discrets, posant simplement le contexte, laissant l’attention sur les personnages, leurs dialogues et bien entendu les différents éléments de l’argumentation.
Une vraie curiosité et une bonne surprise avec ce premier tome qui annonce un excellent potentiel pour cette série toujours en cours au Japon avec neuf tomes parus pour l’instant. On finirait presque par trouver l’économie sexy.