LA FILLE AUX CHEVEUX TURQUOISE
Turchina – Italie – 2023
Genre : Drame
Dessinateur : Elena Triolo
Scénariste : Elena Triolo
Nombre de pages : pages
Éditeur : Anspach
Date de sortie : 20 septembre 2024
LE PITCH
Toscane, 1871, Giovannina, petite fille de 7 ans vit sur le magnifique domaine Il Bel Riposo propriété des Lorenzini, où son père est jardinier. Un jour, alors qu’elle se se cache après avoir commis une bêtise, elle est découverte par Carlo. Le fantasque frère du propriétaire est traumatisé par la mort de sa petite soeur, Marianna.
Il était une fée
Bien entendu le créateur de Pinocchio n’a jamais été Walt Disney, mais bien l’écrivain italien Carlo Collodi. Celui-ci l’a fait naitre en 1881 dans un feuilleton littéraire qui s’égrènera aux cours des années et de ses conversations avec une jeune fille aux jolis cheveux blonds… mais légèrement dotés de reflets bleutés.
La vie nourrie les contes et les contes nourrissent la vie. Surtout parfois celle-ci peu aussi s’enchanter d’une simple rencontre, hasard du destin, d’une simple amitié au-delà des années et des origines sociales. Romancier en quête d’inspiration, toujours hanté par la disparition de sa petite sœur enfant, Collodi se découvre une tendresse particulière pour Giovannina fille du jardinier de son frère. Une gosse pleine de vie, de gentillesse, d’espiègleries, de candeur mais aussi d’imagination qu’elle va partager avec lui tout au long de leurs longues conversations durant les années et les vacances d’été. L’auteur lui-même issu d’un milieu modeste, aidé jeune par une famille aristocrate, renvoie le bâton, lui trouve une place de camériste, lui fait découvrir la littérature, la sort au théâtre, tandis qu’elle lui préserve une certaine jeunesse et une curiosité nécessaire à son travail. C’est simple, c’est joli comme tout, c’est constamment touchant, et bien entendu la fameuse fée bleue qui veille sur Pinocchio dans le célèbre roman : c’est elle !
D’une page à l’autre
Une belle histoire qui aurait pu s’arrêter là, mais qui se poursuit même après la disparition de Collodi, dans la vie de femme puis de mère de Giovannina, et même si les années du fascisme en Italie égratignent la beauté du monde, le petit coup de baguette magique semble toujours porter ses fruits d’années en années… Et même au crépuscule de sa vie où elle décidera de raconter cette histoire aux journalistes, relançant l’attrait des Italiens pour Pinocchio. Le plus fou dans tout ça c’est que toutes cette histoire, à quelques fioritures romancées et presque fantastique près, est tout ce qu’il y a de plus réelle. Cela n’en est que plus émouvant, plus poétique, surtout que la dessinatrice Elena Triolo qui a elle-même grandie avec ces histoires et ces lectures que lui racontaient son grand-père, l’aborde avec une simplicité désarmante. Tout semble naturel ici, comme cette connexion sans ambiguïté entre l’homme et l’enfant, comme cette réciprocité qui va se développer avec le temps, cette sensation d’avoir une présence qui vieille au bonheur même dans les moments difficiles ou dans ces apparitions récurrentes d’extrait de Pinocchio ou de réels témoignages enregistrés de Giovannina qui se mêlent aux dialogues. Juste et sensible et avec une finesse nourrie par un dessin gracile, naïf, doux économe dans le trait, mais très expressif et une colorisation lumineuse.
Une belle découverte qui sent bon la Toscane, les journées ensoleillées, les vieux livres, les rêveries et qui reflète le temps qui passe et les amitiés qui durent. Un coup de cœur en somme.