LA COLÈRE DE BLACK ADAM
52 #50, World War III #1-4, Black Adam The Dark Age #1-6 – Etats-Unis – 2007/2008
Genre : Super-héros
Scénaristes : Peter Tomasi, John Ostrander, Keith Champagne
Illustrateurs : Dough Mahnke, Pat Olliffe, Tom Derenick,
Éditeur : Urban
Pages : 272 pages
Date de Sortie : 24 juin 2022
LE PITCH
Ancien champion du Sorcier Shazam et détenteur du pouvoir de l’éclair vivant, Teth-Adam a passé de nombreux siècles dans un sommeil magique, rêvant de son Égypte antique. Réveillé aux temps modernes, il décide de faire régner la justice par tous les moyens possibles. Ses méthodes expéditives attirent l’attention de tous les super-héros du monde, et sous peu, Black Adam se retrouve seul contre le monde entier. Mais derrière cet inflexible justicier en lutte perpétuel contre le mal se cache un être blessé et fragile, hanté par un amour perdu.
L’éclair immortel
Alors que le film avec Dwayne Johnson se profile à l’horizon, Urban remet l’imposant Black Adam à l’honneur avec un album de la collection DC Nemesis. Deux récits qui se suivent, World War III et The Dark Age qui brossent le portrait d’un vilain surpuissant, mais tragique.
Au départ simple reflet maléfique du célèbre Captain Marvel, devenu depuis Shazam, Black Adam avait profité d’une genèse beaucoup plus étoffée faisant de lui un Égyptien de l’antiquité qui avait corrompu les pouvoirs des sages et qui revenait pour éliminer la concurrence. Plutôt classieux, superpuissant et parfaitement expéditif dans ses méthodes, le personnage est devenu véritablement intéressant à partir des années 2000 lorsque Geoff Johns imagine intégrer le personnage à la vaste équipe de la JSA. Imposant, caractériel, autoritaire, supportant mal les avis contraires soit, mais dès lors Black Adam devenait aussi un anti-héros proactif à la morale fermement affichée, combattant en plus des ennemis habituels, les injustices du monde. Un cheminement qui a amené l’équipe de scénariste responsable de l’évènement éditorial 52, à faire de Black Adam le nouveau sauveur auto-proclamé de la nation du Moyen Orient du Kahndaq, libéré de l’état dictatorial qui avait oppressé le pays des décennies durant. Adulé, mais questionné par les autres états, il y a aussi trouvé une nouvelle humanité en tombant amoureux de la belle Adriana Tomaz, ancienne esclave, et en offrant à elle et son frère des pouvoirs dignes de la Marvel Family sous les noms respectifs d’Isis et d’Osiris. Mais le bonheur fut de courte durée, suite à un complot de l’Intergang : ils sont tous deux éliminés de la plus terrible façon qu’il soit provoquant la colère dévastatrice et aveugle de Black Adam ravageant tout sur son passage, massacrant une partie de son peuple et tous ses opposants, obligeant son ancienne équipe, puis le reste des supers héros à intervenir drastiquement.
Evil Reign
Une bataille colossale qui occupe l’intégralité du 50ème fascicule de 52 publié en introduction du présent volume (ouf on y vient). Spectaculaire et intense, et surtout parfaitement suffisant, l’évènement est pourtant développé plus largement dans les quatre chapitres de la mini-série World War III, où les évènements sont racontés essentiellement du point de vue de Martian Manhunter et où les scénaristes John Ostrander et Keith Champagne s’étendent sur les conséquences d’une bataille qui s’étend à presque tout le globe. Assez laborieux, et même les répercussions de l’évènement sur les relations entre Black Adam et le reste de la JSA manquent de profondeur puisque tout ce beau monde est surtout occupé à se mettre sur la tronche. Un divorce un peu longuet qui heureusement rebondi sur un beaucoup plus intéressant The Dark Age, retrouvant un Black Adam désormais sans capacité à se retransformer et tentant par tous les moyens de découvrir un moyen de faire revenir Isis à la vie. Une quête impossible qui prend à la fois des airs de chasse au trésor aux quatre coins du monde (du puit de Lazare aux restes fragmentés d’un artefact magique) tandis que d’anciens ennemis tentent de l’abattre et ses anciens acolytes de le ramener à la raison et de le juger comme il se doit. Peter Tomasi (Green Lantern Corps, Batman & Robin) compose surtout le portrait complet et complexe d’une figure toujours aussi ambiguë mais définitivement tragique et étreinte de douleur. De son coté, l’illustrateur Dough Mahnke (Joker L’Homme qui rit, The Mask, President Lex Luthor) met surtout en avant la prestance du personnage et sa puissance colossale avec des débordements de violence gores assez surprenants.
Un bel hommage à un vilains de BD qui ne l’est plus vraiment qui conclu cet album composite assez inégal de façon satisfaisante, même si on est loin ici du récit définitif que mérite ce noble et passionnant despote.