L’AGENCE DES INVISIBLES – ENQUÊTE 1 : FRIEDRICH MÜLLER
France – 2021
Genre : Policier
Scénaristes : Marc Levy, Sylvain Runberg
Illustrateur : Espé
Editeur : Philéas
Pages : 88 pages
Date de Sortie : 16 septembre 2021
LE PITCH
Julia Müller débarque à New York pour savoir ce qui est arrivé à son père, Friedrich Müller, navigateur dans la Luftwaffe disparu avec son bombardier en 1941.
L’Agence des Invisibles est réputée comme la meilleure quand il s’agit de retrouver des personnes disparues.
Et si c’était arrivé…
Synonyme d’autant de passion que de moqueries, la carrière littéraire on ne peut plus populaire de Marc Levy s’intéresse désormais à la bande dessinée avec le lancement d’une série inédite, L’Agence des invisibles, nouvelle manière d’explorer les petites histoires au sein de la grande.
Depuis Et si c’était vrai… Marc Levy semble connaître un succès exponentiel et rarement démenti… sauf par la presse. On ne rentrera pas ici dans le débat, préférant se tourner vers la nouvelle aventure de l’auteur : la BD. Un premier pas avait déjà été franchi avec les deux tomes de Sept jours pour une éternité mais où l’auteur était resté plutôt en retrait laissant la place à Corbeyran pour l’adaptation et Espé pour les illustrations. C’est ce dernier qui a relancé l’aventure, voyant dans l’écriture de Levy un découpage naturellement prompt à passer directement à ce nouveau media. L’auteur ressort alors de ses tiroirs un concept de série tv avorté, le retravaille en collaboration avec l’increvable Sylvain Runberg (Le Syndrome [E], On_Mars, On est chez nous…) et voici donc L’Agence des invisibles. Un concept effectivement parfaitement ficelé pour la télévision avec son équipe d’enquêteurs œuvrant pour une agence spécialisée dans les proches disparus au cours de grands conflits de l’histoire. Une bande assez charismatique, avec ses membres déjà bien installés et spécialisés, mais où viennent s’ajouter dans ce premier tome une jeune journaliste répondant au nom de Anna (fille de la fondatrice) et la française Lilia, ex de la DGSE. Cette dernière fonctionne d’ailleurs comme la porte d’entrée pour le lecteur qui observe la mécanique par son entremise et découvre les talents de chacun.
Affaires déclassées
Une astuce effectivement très classique dans les séries chorales de ce type, mais qui a ici la très bonne idée de ne pas se faire dévorer par son concept initial. Ces personnages restent légèrement en retrait, ne se dévoilant que parcimonieusement, tandis que la recherche de Heinrich Müller, navigateur de la Lutfwaffe dont l’avion a disparu près d’un petit village anglais durant la Second Guerre Mondiale, passe au premier plan. Ou surtout les conséquences de cette disparition sur la communauté de Knighton, où les représentants de l’agence et leurs questions ne sont pas forcément bien vu par tout le monde. Plus l’enquête avance, plus la vérité affleure et bien entendu plus les représailles deviennent violentes. Si l’avancée reste assez classique et que les détails du mystère peuvent parfois être assez prévisible, l’écriture combinée de Levy et Runberg assurent une certaine efficacité, poussant le lecteur à se prendre au jeu et à se laisser emporter dans l’affaire en particulier lorsqu’elle devient révélatrice de certaines parts d’ombre de l’âme humaine et de comportements qui ont troqué l’égoïsme communautaire à l’esprit de communautés. Parfaitement accompagné par les planches d’Espé (Château bordeaux) mettant en avant des décors des plus détaillés et des personnages des plus expressifs.
Un polar au style semi-réaliste aussi bien dans ses dessins que dans sa dramaturgie, qui ouvre la voie à une série plutôt intéressante, mariage réussi entre les codes de la télévision et les potentiels de la BD, tout en préservant la touche personnelle que les amateurs de Marc Levy se feront plaisir à retrouver.