KOTARO EN SOLO T.1
コタローは1人暮らし – Japon – 2015
Genre : Comédie dramatique
Dessinateur : Tsumura Mami
Scénariste : Tsumura Mami
Nombre de pages : 192 pages
Éditeur : Panini Manga
Date de sortie : 03 avril 2024
LE PITCH
À 4 ans, Kotaro vit seul en ville, dans un modeste appartement. Où sont ses parents ? Comment s’en sort-il au quotidien ? D’où vient l’argent qui lui permet de vivre ? En tout cas, il peut compter sur ses voisins pour ne pas s’ennuyer ! Il y a Shin Karino, un mangaka un peu fainéant qui peine à rencontrer le succès. Pas très loin, une femme travaille la nuit dans un club privé. Quant à l’homme qui habite à l’étage du dessous et qui est toujours en costume, il est le parfait cliché d’un yakuza. En dépit de sa situation saugrenue, et même s’il parle comme un seigneur féodal, Kotaro semble parfois moins bizarre que ses voisins !
P’tite tête bien pleine
Ayant déjà connu une adaptation animée exclusive Netflix et même une série drama pour l’instant inédite chez nous, l’étrange et poétique manga Kotaro en solo connait enfin une traduction en France. Une chronique de voisinage comme seul le japon peut en créer où tout, ou presque, repose sur un petit garçon de tout juste quatre ans.
Ne le cachons pas, le principe de la série signée Mami Tsumura repose sur un postulat totalement improbable. Celui d’un petit garçon qui se retrouverait à habiter tout seul dans un appartement, recevant régulièrement une coquette somme d’argent d’une donneuse mystérieuse lui permettant de vivre plutôt confortablement. Passé la surprise et l’acceptation, il faut reconnaitre que ce si sérieux bambin, se trimballant avec son épée en plastique, parlant comme un vieux samouraï et partant à l’école maternelle tout seul comme un conquérant est absolument irrésistible. Sans doute très précoce, limite autiste tendance petit génie, Kotaro n’en traine pas moins quelques traumatismes et douleurs que le lecteur ne découvrira que très progressivement. Si les secrets qui entourent son très court passé servent de fil rouge au manga, ce sont véritablement ses interactions avec le reste de l’immeuble qui sont le ciment du récit. Shin l’auteur de manga en dilettante, Mizuki la très charmante hôtesse de nuit qui trompe son malheur dans l’alcool, le très bizarre Tamaru, père divorcé qui trouve en Kotaro un substitut de fils, sont les trois premiers voisins que l’on découvre dans ce premier tome. Et tous trois, qui vivaient chacun de leur coté jusque-là vont prendre sous leur épaule le gamin, tout autant que lui va peu à peu leur permettre de se lier, de trouver un nouvel élan et finalement de grandir.
Une nouvelle famille
Une certaine ironie bien entendu cultivée par des dialogues gentiment absurde où Kotaro, avec sa candeur toute juvénile et sa franchise naïve, assène quelques vérités bien senties aux adultes, leur rappelant quelques codes sociaux indispensables, le besoin de respecter les autres et soi-même, d’être à l’écoute de son prochain… On n’est pas loin parfois même du petit traité de philosophie. Même si un tel sujet aurait pu s’embarquer dans un grand délire bourré de gags voir de rebondissements sentimentaux (les plus vieux penseront forcément parfois à Maison Ikkoku) la succession de petits chapitres comme autant d’épisodes, joue plutôt la carte de la chronique d’un quotidien tout en douceur, ponctué par les nombreuses visites aux bains publics (Kotaro est très à cheval sur son hygiène), par les épisodes du dessin animé « Tonosaman » son héros, des visites au rédacteur en chef de Shin (toujours un peu tranché dans ses avis mais c’est pour son bien…), par la confection des bento pour le midi à l’école ou la rencontre avec des adultes souvent médusés par la maturité du petit bonhomme (dont un vendeur de ballon qui repartira aussi ému que le lecteur).
Mami Tsumura manie un ton autant que des dessins qui trouvent toujours la note juste sans jamais en faire trop, sans jamais quêter l’émotion tire-larme ou le gag facile, et fait graviter autour de Kotaro une belle brochette de personnages blessés et un peu paumés particulièrement entachants. Un manga tout en tendresse qui fait du bien.