KORAK LE FILS DE TARZAN T.1
Korak, Son of Tarzan – Etats-Unis – 1964
Genre : Aventure
Scénariste : Gaylord Dubois
Illustrateur : Russ Manning
Editeur : Graph Zeppelin
Pages : 192 pages
Date de Sortie : 25 janvier 2022
LE PITCH
Korak, le fils de Tarzan, accompagné de Pahkut, le grand-singe, nous entraîne dans d’époustouflantes aventures africaines.
Le Prince de la jungle
Après avoir explorer les grands classiques de Tarzan en comics avec, entre autres, les comics strips mémorables de Russ Manning, Graph Zeppelin s’attèle désormais à celle de son fiston, Korak. Un jeune aventurier, lui aussi en pagne, et dont le courage et la force ne sont pas loin d’égaler celle du paternel.
Si la plupart connaissent le fils de Tarzan sous le sobriquet de Boy c’est à cause certainement des premières adaptations cinématographiques avec l’immense Johnny Weissmuller, que la Warner transforma un peu trop rapidement en spectacle familial et paternaliste. Mais chez Edgar Rice Burrough le fiston ne passait pas tout son temps à se mettre dans le pétrin et admirer d’en bas la grandeur du géniteur. Il fut même le véritable héros du roman Le Fils de Tarzan, dont tout l’enjeu ou presque était de l’élever à son tour au rang de seigneur de la jungle Et comme il le fera quelques petites années plus tard avec le strip de Tarzan, l’illustrateur Russ Manning, accompagné cette fois-ci du spécialiste de Tarzan pour Dell Comics, Gaylord Dubois, a la bonne idée de revenir aux fondamentaux et de s’écarter de l’imagerie trop niaise du personnage. En quelques dialogues d’ouverture Boy redevient Korak, son nom singe qui signifie « tueur », et une simple aventure suffit à ce que Tarzan passe le relais… pour ne plus réapparaître avant un bon moment.
Passe ton pagne
Si Russ Manning a signé quelques adaptations directes des romans de Burrough, il opte ici surtout pour une inspiration plus générale, mais reste constamment dans le ton avec de gentils aventurier perdus en milieu hostile (avec souvent une jolie adolescente à la clef), de cruels exploiteurs blancs pillant les richesses de l’Afrique, des sorciers ou dictateur tribaux manipulant leur peuple, de terrible animaux sauvages à dompter… On y trouve même quelques peuplades plus fantaisistes comme d’effrayants petits hommes aux airs orientaux protégés par une gigantesque plante carnivore ou un peuple primitif échappé de la préhistoire et chevauchant toujours d’impressionnants mammouths. Un grand sens de l’aventure nourrie ces six premiers fascicules regroupés en intégrale ici qui, sans bien entendu creuser les ténèbres et les zones d’ombres du pulp d’origine, en retrouve une belle part de l’imaginaire et du rythme trépidant. Comme l’indique Steve Rude (Nexus) dans son introduction, Korak, Son of Tarzan reste une publication des années 60, avec son approche ultra positive, son héros presque infaillible, son manichéisme totalement assumé et un accent largement porté sur l’action. Sans oublier Pahkut, le grand-singe, compagnon de tous les dangers, mais dont le manque de courage devient rapidement un ressort comique à répétition.
Du comics vintage charmant, dépaysant, exotique dont le plaisir de lecture doit beaucoup aux planches de l’artiste, certes un peu moins précises et fouillées pour l’instant que sur ses futurs épisodes pour Tarzan, mais dont la ligne claire, épurée et surtout son sens absolu du mouvement et du dynamisme fait déjà merveille. Avec sa colorisation bien pétante et sa restauration minutieuse de la moindre illustration, cette réédition élégante est un petit trésor pour les amoureux de BDs rétros.