KING SPAWN T.1
King Spawn #1-5 – États-Unis – 2021
Genre : Super-héros, Fantastique
Scénariste : Sean Lewis, Todd McFarlane
Illustrateur : Jim Cheung, Javi Fernandez
Pages : 208 pages
Éditeur : Delcourt
Date de Sortie : 21 septembre 2022
LE PITCH
Au fil des années, Spawn s’est libéré des contraintes imposées par l’Enfer et les Cieux en les renvoyant dos-à-dos. Il est devenu de facto le Roi des Enfers !
Le trône de fer
Spawn n’en finit pas de renaitre. Pour fêter dignement ses spectaculaires trente années d’existence Tod McFarlane lui offre un nouveau départ explosif et introduit dans la foulée un univers étendu (bientôt lui aussi chez Delcourt). Long Live The King !
Toujours aussi impressionnante, la longévité de Spawn, création emblématique d’Image Comics et de la révolution du genre dans les années 90, n’allait pas forcément de soit au départ. Mais son créateur, aussi impliqué artistement que commercialement, a su au fil des années multiplier les directions, les relectures et les nouveaux souffles. Observant comme co-scénariste et directeur éditorial l’augmentation exponentielle de l’échelle de ses récits, ce dernier a justement saisi cet anniversaire symbolique pour amplifier plus encore le phénomène et donner une importance augmentée aux personnages secondaires de l’univers Spawn. Viendront donc rapidement des séries dédiées au Pistolero et même à une « équipe » de Spawn (en l’occurrence Medieval Spawn et Miss Spawn) dans le titre The Scorched, mais les premiers chapitres de King Spawn sont aussi là pour leur donner un bon élan de départ. De la nouveauté en sommes, mais aussi de grands retours qui vont piocher directement dans les premiers épisodes (Kinkaid, Wynn…) comme pour remettre la grande histoire du comic sur des rails et replacer le Spawn originel au centre du plateau, pion que ni le paradis ni l’enfer ne peuvent décidément contrôler. Et ce même si certains aimeraient le voir assurer sa destinée et devenir le nouveau seigneur des enfers.
Un bon suppôt et au lit
Dans ce théâtre baroque entre horreur, super-héros (Spawn n’a que rarement autant fait penser à Batman) et récit cruel d’une guerre qui ne se borne jamais aux champs de bataille militaires, King Spawn voit grand, encore et toujours, entre postures shakespeariennes, réflexions sur les frontières entre le bien et le mal, entre la justice et l’innocence, et divertissement hypertrophié bourré d’action, de massacres sanglants et de pouvoirs surdimensionnés. Même si le plat est plus roboratif que jamais, la recette n’a finalement pas tant varié que cela et McFarlane et son équipe assurent comme toujours un service hors-pair multipliant les coups de théâtre et accentuant la dimension mythologique vers des hauteurs inédites. Introduit par un préambule faisant le lien avec la précédente série Spawn Renaissance et illustrée par l’excellent Jim Cheung (Secret Warriors, Young Avengers) dans un style pas si loin de Greg Capullo et consorts, King Spawn marque aussi le pas avec l’arrivée de l’espagnol Javi Fernandez. Un artiste encore assez rare, juste croisé sur quelques titres Batman ou X-Men, mais qui s’impose à merveille, opérant une connexion stylisée avec les Hellspawn d’autrefois, une nature plus sale et granuleuse et une force iconique et magique idéale. Son Spawn, plus proche que jamais des enfers, est particulièrement inquiétant, voir effrayant. Du lourd.