KALI
Etats-Unis – 2022
Genre : Action
Dessinateur : Robert Sammelin
Scénariste : Daniel Freedman
Nombre de pages : 176 pages
Éditeur : Hi Comics
Date de sortie : 22 mai 2024
LE PITCH
Poignardée dans le dos, empoisonnée et laissée pour morte par son propre gang, Kali se lance dans une vengeance sans retour à travers un désert ravagé par la guerre. La mort imminente coulant dans ses veines et une armée fasciste à ses trousses, Kali ne reculera devant rien pour se faire justice, même si cela doit être la dernière chose qu’elle ne fera jamais.
Unstoppable
A peine remis de la découverte enthousiasmante de Birdking chez Les Humanoïdes Associés, c’est au tour de Hi Comics de nous délivrer une nouvelle création coup de poing de Daniel Freedman : Kali. Et comme le monsieur est toujours bien entouré, il s’allie ici un Robert Sammelin (Escape from New York) en très grande forme.
C’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes, et c’est dans la vengeance, pure, directe, froide et méchante, que l’on fait les meilleurs récits d’action. A l’instar donc de Birdking, Daniel Freedman ne balance pas ses ambitions démesurées au lecteur, mais préfère travailler une trame aussi simple que limpide, pour mieux la polir et en purifier à l’extrême le tranchant. Abandonnée par ses sœurs de gang, dernière famille qui lui restait dans cette fin du monde, Kali laissée pour morte a décidé de poursuite jusqu’au bout les traitresses et de leur faire la peau à elles, et à l’armée de facho qui les a fait tourner casaque. Le décor de fin du monde ne se dévoile qu’en filigrane, en arrière-plan, tout comme les enjeux qui travaillent les nouvelles forces en puissance. Ici l’essentiel tient dans quelques rares dialogues, dans les non-dits, dans quelques idées visuelles et clairement dans la rage désespérée qui semble habiter tout ce beau monde prêt à s’étriper furieusement pour un peu de pouvoir supplémentaire, par désir de survie ou, comme Kali, pour imposer sa liberté.
Tueuse
Le récit a beau tenter de glisser quelques mini réflexions sur la force du destin, d’amener un cheminement prévisible autour des notions de sacrifice et de rédemption, mais Kali n’est jamais autant efficace que lorsqu’il se concentre sur l’essentiel : l’action. Totale, démesurée et mortelle. Le moteur de tout c’est elle, furie que rien ne semble capable d’arrêter, poursuivant un train à moto, massacrant des troupes surarmées à elle toute seule, tirant sur tout ce qui bouge, frappant avec ses poings ou sa tête ses ennemis un à un. Elle court, percute, tombe, se relève, se fait torturer, empoisonnée, menée aux portes de la mort la gueule en sang, mais toujours reprend le dessus, le regard froid et la haine en bandoulière. Du pain béni pour Robert Sammelin qui peut alors se livrer à une vraie démonstration narrative, reproduisant par ses cadrages inspirés, le tempo de son découpage et le traitement contrasté des couleurs, pour insuffler une énergie constante à l’ensemble. On n’est jamais loin ici du storyboard chiadé où les illustrations pourraient presque prendre vie, se doter de mouvements, payant au passage sa dette au modèle absolue de Mad Max Fury Road, mais aussi aux chorégraphies infinies des John Wick où chaque coup compte.
One shot dégraissé au maximum, Kali est un comic purement sensitif et primitif (dans le bon sens du terme), donnant véritablement la sensation de sentir le sable rugueux sous les doigts, de sentir l’odeur métallique du sang et de la mort et d’entendre les balles de kalachnikov fuser dans tous les sens entre deux explosions augmentant encore la vague de chaleur. Une série B assurée, décoiffante et maitrisée.