JUSTICE SOCIETY OF AMERICA, LE NOUVEL ÂGE T.1
Justice Society of America #1-15 + Justice League of America #8-10 – Etats-Unis – 2006/2008
Genre : Super-héros
Scénaristes : Geoff Johns, Alex Ross, Brad Meltzer
Illustrateurs : Dale Eaglesham, Fernando Pasarin, Ed Bennes
Editeur : Urban Comics
Pages : 480 pages
Date de Sortie : 14 janvier 2022
LE PITCH
La Société de Justice a connu de nombreux changements depuis sa création lors de la Seconde Guerre mondiale, mais une chose sera toujours vraie : ils forment une famille. Alors qu’ils accueillent une nouvelle génération de héros et forment une alliance avec la Ligue de Justice et la Légion des super-héros, le Marchand de Sable partage une terrible prémonition : le Multivers s’apprête à vivre un grand bouleversement…
Une affaire de famille
Publiée à l’origine en kiosque par Panini pour la France, l’une des plus belles séries de Geoff Johns est enfin réédité par Urban sous la forme de deux imposants volumes intégraux. Une nouvelle série dédiée à la JSA entamée en 2006 pour un long run imaginé en collaboration avec l’illustrateur Alex Ross, cocréateur du mythique Kingdom Come… Et rien n’est laissé au hasard.
Si Geoff Johns a parfois du mal à s’intégrer dans le paysage DC actuel c’est sans doute parce que son approche des comics est constamment nourrie par sa propre mémoire du medium et plus largement par une certaine nostalgie d’un âge d’or ou d’argent où les super-héros étaient encore les acteurs de grand feuilletons romanesques, symboles d’un monde meilleur… et pourquoi pas un peu kitch. Malgré la profusion de titres sur lesquels il a travaillé, JSA ou Justice League of America, reste certainement celui qui est le plus cher à son cœur, et celui où sa fascination pour ces hommes et femmes en costumes bariolés est la plus profonde. La JSA a d’ailleurs toujours été d’une certaine façon le pivot de DC Comics, l’équipe historique mais aussi celle où presque tous les personnages de l’éditeur sont passés ou ont collaboré au cours des années, quitte à s’étendre parfois au-delà du raisonnable. Après plusieurs story-arcs, Johns participe donc à la relance du titre en 2006 avec une nouvelle numérotation et en profite pour lui redonner la place qu’elle mérite, au carrefour du catalogue de la maison. En rappelant à la fois sa figure de mentor stable avec une équipe toujours dirigée par les vétéran Green Lantern (le preums), Flash (le preums) et le lutteur Wild Cat, désormais épaulés par les valeurs sûres comme Docteur Midnite, Power Girl, Mr Terrific ou Liberty Bell, mais en y apportant un vrai souffle nouveau avec jeune génération inscrite dans cette idée très profonde de filiation : la charmante Stargirl est toujours présente, mais elle est désormais rejointe par d’autres adolescents débutants comme le fils de Wild Cats véritablement capable de se transformer en créature féline pour le coup, ou comme la fan-girl Maxine Hunkel, petite fille d’une ancienne légende de la JSA.
Next Age
La famille ne cesse de s’agrandir à chaque chapitre, de nouvelles recrues enrôlées, toujours avec un pied dans l’arbre généalogique de la JSA, mais malgré cette profusion de personnages tous admirablement caractérisés, à l’empreinte indéniable sur le ton de la série, Johns réussit à maintenir fermement le rythme des épisodes. De l’action, toujours beaucoup d’action, célébrés par les planches dynamiques de Dale Eaglesham, comme rappel que les comics étaient avant tout des lectures mensuelles devant livrer leur dose de castagnes super-héroïques, de développements soaps, et consolider une vaste mythologie. De ce côté là non plus cette Justice Society of America n’est pas en reste avec une véritablement trame de fond qui va maintenir le run de bout en bout, permettant un crossover très réussi de quelques numéros avec la Justice League of America de Brad Meltzer et Ed Bennes, en invoquant quelques membres de la Legion des super-héros comme déclencheurs et en introduisant un Superman mature, seul rescapé d’une réalité dévastée. C’est bien entendu là qu’Alex Ross entre en jeu. S’il se contentait jusque-là de ne signer que les couvertures, impériales, de la série, et de distiller quelques indices graphiques, il devient quasiment le co-auteur de la série alors que celle-ci se rapproche dangereusement des évènements apocalyptiques de Kingdom Come. Vaste programme, exercice complexe et ambitieux, ce Nouvel âge réussit pourtant le petit miracle d’être constamment fun, rythmé, souvent drôle, toujours empreint de belles notions de transmission intergénérationnelle… et surtout parfaitement accessible pour tout lecteur qui n’aurait pas manger l’intégralité de la chronologie DC. Cette série n’est peut-être pas un monument, un classique ou une saga culte, mais c’est une valeur sûre.