JSA CHRONICLES 2000
JSA #6-15, JSA : The Liberty File #1-2, JSA Annual #1, DC 2000 #1-2 – Etats-Unis – 2000
Genre : Super-Héros
Dessinateur : Stephen Sadowski, Val Semeiks, Tony Harris…
Scénariste : Geoff Johns, David S. Goyer, Tom Peyer, Dan Jolley, Tony Harris
Nombre de pages : 552 pages
Éditeur : Urban Comics
Date de sortie : 23 juin 2023
LE PITCH
L’année 2000 marque l’arrivée d’un scénariste débutant dans l’industrie des comics, mais un fan de longue date des membres de la JSA : Geoff JOHNS. Sous le patronage de David S. GOYER, JOHNS va donner au thème de la transmission une place centrale dans ses épisodes et moderniser le concept de la JSA à travers les jeunes héritiers des héros de l’âge d’Or de DC Comics.
L’union et la force (bis)
A peine installé sur la série qu’il a lui-même permis de faire revivre, James Robinson s’écarte de la JSA au profit de David S. Goyer et surtout Geoff Johns dont ce sera là le premier haut-fait. Une série intemporelle et toujours aussi captivante.
L’année 1999 marquait le grand retour de la Justice Society of America sur le devant de la scène avec une mini-série explosive suivie de la relance du titre mensuelle grâce à l’inspiration d’un James Robinson (Starman) chevronné et passionné. De l’incarnation historique à une nouvelle génération reprenant le flambeau, le premier volume de JSA Chronicles composait ainsi un tableau transgénérationnel où se jouait d’ailleurs aussi en coulisse l’idée progressive d’un passage de relais. Appelé sur de nouveaux projets et déjà aux commandes de nombreuses séries, Robinson avait donc déjà introduit ses acolytes David S. Goyer (décidément plus à l’aise dans les comics qu’au cinéma) et le petit jeune Geoff Johns alors presque débutant. Dès le JSA #14 qui ouvre l’année 2000 s’est donc ce duo-là qui va signer, et pour un bon moment, les scénarios de cette longue saga familiale. Et leur écriture et leur vision de la série s’inscrivent justement pleinement dans l’héritage de Robinson, dans cette volonté constante d’inscrire ces nouvelles aventures toujours hautes en couleurs, peuplées de héros DC pas toujours de premier plan mais jamais anecdotiques, au sein d’une longue et vaste sentiment de traditions propre à l’éditeur.
Dream team(s)
Si tous leurs scenarii se déroulent justement dans le monde contemporain du lecteur de 2000, leurs origines ne cessent de piocher dans des évènements plus lointains et de rappeler des ennemis que certains auraient alors pu oublier. Obsidian, fils du premier Green Lantern, revient pour envahir le monde avec ses pouvoirs d’ombre, mais s’avère contrôlé par un vilain plus ancien encore dans les trois premiers chapitres, tandis que la troupe se voit maille à partir avec l’organisation de Kobra (pas celle de G.I. Joe mais presque) et un voyage dans le temps aux trousses d’Extant (suite presque directe du crossover Zero Hour) dans les cinq qui achèvent l’année. Aidé par les illustrations ultra-calibrées, classiques mais dans le sens noble du terme, de Stephen Sadowski (Avengers / Invaders, Fairest), les épisodes ne se perdent cependant jamais dans les détails, pourtant imposants, des chronologies partagées ou pas, des origines multiples et complexes des personnages, mais débride constamment vers un gigantesque divertissement pop et spectaculaire, fun et dramatique, grandiose et familial. La recette est la même que sous la plume de Robinson et la réussite est toute aussi éclatante. Du pur comics de super-héros qui assume constamment ses racines le plus improbables et les plus bariolées, mais qui en plus ne se vautre jamais dans la nostalgie.
Pour quelques de plus
C’est sans doute un peu moins le cas de l’amusante mini-série en deux numéro DC 2000 qui compose aussi cet imposant volume. Écrite par Tom Peyer et illustrée avec un style limite caricatural par Val Seimeks, cette dernière joue en effet à nouveau les crossovers entre la JSA originelle et la Justice League plus moderne, tentant de renouer avec les fameux épisodes estivaux qui les faisaient collaborer dans la camaraderie générale. Une grande histoire de voyage dans le temps et de paradoxes rétrofuturistes qui reste très plaisante, mais semble déjà assez datée à coté de la performance de la série mensuelle.
Plus intéressante, JSA : The Liberty Files se situe hors continuité et réinvente l’univers DC (et plus particulièrement Batman et la JSA) dans un contexte partagé de la Seconde Guerre Mondiale. Les héros y sont transformés en véritable héros de la science, entre incarnations mystiques et agents secrets masqués, découvrant la menace d’un übermensch qu’Hitler s’apprêterait à lâcher sur le monde. Un récit bourré de références et de détournements bien entendu, mais surtout doté d’une atmosphère de film noir et gothique parfaitement incarné par les planches évocatrices et stylisées de l’excellent Tony Harris (Ex Machina).
Que du bon en somme dans ce second volume des JSA Chronicles, dont la plupart des pages étaient restée inédites en France, toujours accompagné au passages des préambules des auteurs et des notes explicatives et informatives de l’éditeur pour permettre aux petits nouveaux de raccrocher les wagons. Louable intention.