JONNA T.1
Jonna and the Umpossibles Monsters #1-4 – Etats-Unis – 2021
Genre : Action, fantastique
Scénariste : Chris Samnee, Laura Samnee
Illustrateur : Chris Samnee
Editeur : 404 Comics
Pages : 120 pages
Date de Sortie : 09 septembre 2021
LE PITCH
Rainbow est à la recherche de sa sœur Jonna depuis un an. La dernière fois qu’elle l’a vue, c’était aussi la première fois qu’elle voyait l’un des monstres qui parcourent maintenant la planète. Ce sont d’immenses créatures laides et dangereuses, conduisant l’humanité au bord de l’extinction. Bien qu’il n’y ait pas beaucoup d’espoir de survie dans la nature, Rainbow sait que sa sœur est quelque part là-bas – et elle fera tout pour la retrouver.
La gosse du futur
Belle prise pour 404 Comics avec Jonna première création personnelle de l’excellent illustrateur Chris Samnee. Une œuvre familiale d’ailleurs pour une aventure explosive donc le cœur reste le lien qui renforce deux sœurs plongées dans un monde post-apo envahi de monstres géants. Logique.
Après quelques belles années uniquement au service des créations des grands éditeurs – en particulier Marvel avec Black Widow, Thor The Mighty Avenger ou Daredevil – et un redoutable Fire Power en collaboration avec Robert Kirkman, Chris Samnee se lance enfin dans le creator owned. Une publication indépendante (éditée par ONI Press aux USA) que ce dernier ne prend pas à la légère, imaginant son récit et son univers en collaboration avec son épouse, s’inspirant pour les deux personnages principaux de deux de leurs filles, et leur en dédiant plus généralement la lecture. Une publication « grand public » donc, emprunte constamment d’une certaine légèreté, reposant sur le lien chaleureux et sensible qui existe entre Rainbow et Jonna, sur l’attente de leurs retrouvailles et sur l’étrangeté sauvage de cette dernière. Particulièrement attachantes, toutes deux dotées de caractères bien affirmés et bien différents, que la BD n’a jamais besoin de noyé sous un flot de paroles et d’explications. Les textes vont à l’essentiel, et tout dans Jonna se dévoile progressivement non pas par le verbe, mais toujours par l’image.
Petite mais costaude
Le passage d’une terre verdoyante et vivante à un désert âpre et caillouteux, les regards et les attitudes que les deux gamines croisées dans ces premières pages, les jaillissements réguliers de kaiju colossaux d’apparences insectoïdes mais toujours variés, en disent finalement beaucoup plus que les phylactères. C’est l’une des forces connues de Chris Samnee qui ici, sans doute plus qu’ailleurs, déploie toute la richesse de son trait, son sens de la narration et du découpage, pour s’approcher au plus près d’une bande dessinée dans ce qu’elle a de plus pur : le dessin séquentiel. Son style pourtant tout en rondeur, aux formes douces et épurées, révèlent ici des petits trésors d’émotions, tout en jouant sur un sentiment de mouvement constant autant porté par de larges illustrations multipliant les temporalités, les gaufriers finement ciselés ou les pleines pages grandioses. Le temps se fige quelques secondes pour mieux repartir avec une force décuplée où Samnee paye sa dette à Jack Kirby, ne cachant pas ses emprunts à Kamandi ou Devil Dinosaur. Un peu courte sur patte, dotée d’une chevelure hirsute, ne s’exprimant le plus souvent que par quelques grognements la Jonna du titre se serait parfaitement intégrée dans une publication du King. En particulier lorsque celle-ci se révèle capable d’anéantir un colosse d’un simple bourre-pif bien placé ! Dans un quatrième chapitre presque entièrement constitué d’une baston contre une de ces bestioles dans une grotte effondrée, le comics achève d’imposer sa dynamique spectaculaire toute en émotion.
Un excellent démarrage, soutenu par l’éditeur français 404 Comics avec une première édition en tirage limité, dos arrondis et jaquette exclusive, franchement réussie.