JOKER : LES DERNIERS JOURS D’UN CLOWN
Joker: Last Laugh #1-6 + Joker: Last Laugh Secret Files And Origins #1 – Etats-Unis – 2001
Genre : Super-héros
Dessinateurs : Pete Woods, Dan Curtis Johnson, J.H.Williams III, Marcos Martin, Walter McDaniel, Andy Khun, Ron Randall, Rick Burchett
Scénaristes : Chuck Dixon, Scott Beatty
Nombre de pages : 256 pages
Éditeur : Urban Comics
Date de sortie : 7 juin 2024
LE PITCH
Dans le Slab, la prison de sécurité maximale pour les criminels surpuissants, le Joker apprend qu’il est mourant. Il concocte alors un plan pour perpétuer son héritage, en partageant le venin qui l’a transformé en un sociopathe au visage pâle avec d’innombrables autres super-vilains. Pendant ce temps, Oracle, la première ligne de défense, est indisponible. Seule Black Canary répond présente pour essayer d’arrêter une émeute de malfaiteurs sanguinaires.
Mort de rire
Il n’y a pas de Batman sans Joker… et pourtant celui-ci a bien failli manger les pissenlits par la racine à l’orée des années 2000. Et bien entendu le clown n’est pas vraiment du genre à disparaitre discrètement… et tout seul. Un bon gros crossover poussif, bien bordélique et passablement hystérique.
Encore et toujours LA star du monde des vilains DC, le Joker est souvent mis en avant par l’éditeur qui tente régulièrement de l’extraire des rues de Gotham et des seuls titres estampillés Batman. En 2000, il y avait donc eu la très improbable mais assez fun story-arc Empereur Joker où ce dernier après avoir volé les pouvoirs de Mister Mxyzptlk s’était jeté sur le catalogue de Superman et étiré ses ambitions vers des sphères cosmiques. Produit l’année suivante, Last Laugh essaye clairement d’émuler la formule avec cette fois-ci une mini-série complète (présente ici) et des répercussions directes dans presque toutes les séries régulières de l’époque (non reproduites ici) qui décrivent comment, persuadé d’être aux portes de la mort, le Joker décide de faire ses adieux en bon et du forme et d’emporter le monde avec lui. L’idée de départ n’est pas mauvaise, et celle de voir le personnage franchir les dernières digues de la raison plutôt alléchante, mais il faut avouer que dans le présent album il y a clairement un petit problème d’échelle.
Une dernière vanne pour la route.
Une grande partie du récit est ainsi circonscris aux salles et couloirs de la prison de très haute sécurité dont le Joker va s’échapper brillamment en ravageant tout sur son passage, et les divers combats annoncés contre les autres super-héros resteront essentiellement hors-champs, avant que l’action ne revienne à Arkham pour l’ultime confrontation contre la bat-family. En cours de route on verra bien le président Luthor pester contre son concurrent, la JLA faire un coucou de quelques pages et on peine encore à comprendre pourquoi les scénaristes Chuck Dixon, Scott Beatty passent autant de pages à nous décrire les mésaventures du Shilo Norman (ex Mister Miracle) et sa camarade Marshall envoyés à l’autre bout de l’univers suite à l’expulsion du « Bloc » dans un trou noir. Last Laugh a vite tendance à partir un peu dans tous les sens et à ne jamais aller totalement au bout de ses promesses, ne faisant de sa horde de super-vilains jokérisés qu’un petit accessoire visuel et comique, ou manquant totalement le coche de la rencontre ultime entre le Joker et Batman, remplacé ici par un Nightwing que la rage et le désespoir pourrait mener à l’irréparable. Un récit qui ne gère pas toujours très bien ses équilibres entre instances dramatiques et grosse comédie cartoon, entre évènements globaux et drame resserré autour des ennemis habituels, et intimement liés, que son les Robins, Barbara Gordon et bien entendu Bruce Wayne.
L’ensemble se lie très bien, mais ce sentiment de capharnaüm teinté de vert fluo n’est pas forcément aidé par le défilé d’artistes parfois aux styles très variés qui se passent le relais d’un chapitre à l’autre. Du travail très stylisé et presque art nouveau de J.H. Williams III à celui de Rick Burchett s’approchant de la série animée après être passé par le trait torturé et très 90’s de Walter McDaniel, il n’y a pas qu’un monde. Des frontières que malgré sa bonne humeur meurtrière Les Derniers jours d’un clown n’arrive pas à franchir.