Pff quand on pense que les fans de One Piece continuent de s’extasier devant le dépassement du fameux seuil des 100 volumes reliés, alors qu’en comprenant les 8 séries interconnectées de Jojo’s Bizarre Adventure, son auteur Hirohiko Araki a déjà allègrement dépassé les 130 tomes ! Assez monstrueux et pourtant son imaginaire débridé ne se suffit pas totalement de ces publications régulières. La longue saga familiale et multigénérationnelle a ainsi connu quelques récits spin-off sous la forme de trois romans (’ils seront bientôt traduits en France) et même d’un manga supplémentaire en trois tomes : Crazy Diamond Demonic Heartbreak. La particularité du titre étant que le créateur historique de Jojo n’y est en charge ni du scénario, ni du dessin. D’autant plus étonnant que le récit auquel nous sommes conviés s’inscrit directement dans la continuité de la série principale, officiant comme une prequel de la fameuse quatrième saison (Diamon is Unbreakable) et tirant ses origines directement dans la précédente, Stardust Crusaders en décrivant les conséquences de l’inénarrable combat contre le vampire Dio.

Stand against the wall

Alléchant forcément pour les fans, surtout que se joue ici la première rencontre entre le vieux cowboy Hol Horse et le plus jeune et fantasque Josuke Higashikata, célèbre pour son curieux look de faux délinquant. L’un est un vétéran des affrontements entre stand et a depuis longtemps un pied dans le monde délirants et fantastique qui est celui des combattants de leur type, alors que Josuke semble découvrir laborieusement ses nouveaux pouvoirs et provoque quelques catastrophes au passage. A ce duo mal assemblé, mais vite soudé, s’ajoute une étrange jeune fille (en fait la cousine de…), un perroquet super-puissant utilisé par un opposant encore inconnu et un manga capable de décrire le futur. De l’Égypte jusqu’au Japon, Crazy D est un condensé de l’hystérie que peut revêtir les Jojo’s Bizarre Adventure, mêlant entre deux affrontements totalement hallucinés et de multiples postures toujours improbables, des références sans fins à d’autres volumes et des considérations mythologique et drolatiques qui tombent comme des cheveux dans la soupe. Difficile pour l’instant d’entrer dans ce premier volume un peu perdu dans une narration un poil chaotique servie par un Kouhei Kadono (Boogiepop Dual) qui semble vouloir en faire trop. Par contre la prestation, pourtant casse-gueule, de Tasuku Karasuma (No Guns Life) est beaucoup plus convaincante en reprennant à son compte les fameux tics graphiques et les effets de mise en scène insolites d’Hirohiko Araki, tout en y apportant un trait plus ferme, plus rond et d’une certaine façon plus classique. On reconnait d’emblée l’univers bariolé et sidérant de Jojo’s mais avec un patine plus grand public, finalement pas si éloignée que cela d’adaptation animée comme celle de Diamond is Unbreakable justement.

Pour l’instant encore à l’étape introductive et au placement des personnages sur l’échiquier des évènements à venir, Crazy D n’a pas encore forcément l’évidence et l’énergie foudroyante des titres d’Araki, mais offre une vision, au moins graphique, intéressante et inédite dans la loooongue histoire éditoriale de cette vaste saga.