C’est effectivement un principe extrêmement régulier dans les mangas et les anime japonais, qui par ce voyage forcé ou nous permettent de remettre en perspective la vraie vie des jeunes lecteurs japonais. Les difficultés scolaires, les relations familiale, l’addiction à un imaginaires trop envahissant… Et il s’agit un peu de tout ça dans Isekai Munchkin puisque Yukito est bien et bien devenu un geek caché derrière sa console de jeu depuis qu’il fuit le lycéen où il est persécuté par d’autres élèves. Seule sa sœur semble le comprendre et garder une chaleureuse connexion avec lui. Mais il perd contact le jour ou un démon géant débarque dans sa chambre et les dévorent tout deux. Lui se réveille dans un ailleurs mystique, accueillie par une étrange déesse qui lui offre une réincarnation dans le monde de Everworld, fonctionnant quasiment comme un jeu de rôle à l’ancienne et où les nouvelles statistiques se dévoilent en lançant des dés. Mais Yukito veut retrouver sa sœur et pique au passage le « livre des règles » qui va lui permettre de compenser ses faibles capacités par des stratégies plus malines, et surtout souvent assez cheatées.

un bon 3D8

Voici l’objet de la quête, voici l’outil, et la scénariste Yuu Shimizu (Yotsuiro Biyori, The Demon Sword Master of Excalibur Academy…) propose dès lors une aventure qui s’empare d’un univers éprouvé et largement reconnu par les joueurs (de jeux vidéo ou de jeux de plateaux) auquel elle va apporter un regard légèrement biaisé. Car le héros triche forcément un peu et tente de manipuler ceux qu’il croise pour arriver à ses fins, usant par exemple de la bonté et de la naïveté de la très jolie Paladin Charlotte de Brownia… Courageuse mais peu costaude et incapable de manier son épée légendaire. Sans en faire trop le manga manie les petites notes d’humour avec parcimonie, jouant surtout sur le décalage entre la faiblesse de ses héros, leurs maladresses, et les dangers qui les entoure, mais réussi aussi à les faire prendre en sympathie. Inconnu au bataillon, l’illustrateur Makoto Aogiri est à l’aune du reste du projet, assurant un graphisme sans grande originalité, mais toujours propre, expressifs et plutôt dynamique dans son découpage.

Pas de grosses surprises pour l’instant ou d’énorme innovation narrative, mais le récit est maitrisé, concocte quelques petites surprises bienvenues et installe tranquillement une série divertissante et qui se lit avec plaisir.