INGUINIS ORIGINES T.1 : SANGUIS MULIERIS
France – 2023
Genre : Péplum, érotique
Dessinateur : Nicolas Guénet
Scénariste : Katia Even
Nombre de pages : 48 pages
Éditeur : Tabou BD
Date de sortie : 24 janvier 2023
LE PITCH
Chrysanthe est pressée qu’Artémis ait sept ans pour entrer à l’école et que son contrat de préceptrice se termine enfin. Elle attend donc qu’Agrippa, son maître, officialise son affranchissement. Mais Nicomède, le père d’Artémis, veut la garder auprès d’eux aussi fera-t-il tout pour s’emparer du précieux document. Mais, de petites filles disparaissent dans la Cité romaine… des fillettes justes en âge d’entrer à l’école… comme Artémis.
Rome ville ouverte
Les aventures d’Artémis continuent après deux premiers diptyques largement plébiscités, Inguinis et Inguinis Oracle. Nouvelle plongée dans une Rome sulfureuse et dangereuse aux cotés de Katia Even et Nicolas Guenet, pour un nouveau mélange très réussi entre mystère presque policier et pornographie débridée.
Comme son titre l’indique Inguinis Origines revient cette fois-ci quelque-peu en arrière alors que la futur sculptrice et héroïne de la série n’est encore qu’une petite fille de sept. Si elle va se retrouver au cœur d’une affaire de disparation d’enfants, c’est cependant sa préceptrice Chrysanthe qui est le moteur du récit. Une esclave qui partage donc son temps entre l’éducation de la gamine déjà bien agitée et danseuse pour les soirée orgiaques de son maître Agrippa, espérant prochainement retrouver sa liberté. Ses deux devoir vont rapidement se retrouver mêlés et elle va découvrir à son tour que les coulisses de la grande capitale de l’empire peuvent dissimuler quelques secrets sordides et rapidement devenir un coupe-gorge politique. Comme pour les autres albums d’Inguinis, Katia Even (Le Peuple des brumes, Il faudra me passer sur le corps) manie toujours aussi parfaitement ce mélange attendu entre une intrigue solidement construite et le spectacle de pratiques sexuelles torrides, le tout joliment ancré dans un contexte historique parfaitement crédible.
Les réceptions de l’ambassadeur…
Une Rome à la fois grandiose et décadente, entre la série TV du même nom et la plus déviante Spartacus, où les complots, traquenards et manipulations de toutes sortes ont autant d’importance que les joutes sexuelles et le contrôle de la chair. Un décor toujours aussi bien planté, des personnages intrigants, une trame solide et bien entendu cette démesure païenne, où la sexualité se partage ouvertement et sous toutes ses formes sans que cela ne semble s’ajouter lourdement au scénario, sont les qualités toujours intactes d’Inguinis. Autre argument de taille, la présence de Nicolas Guenet (Yiu, Inca) qui travaille encore et toujours ses planches avec une redoutable puissance, sculptant massivement les corps, affermissant les chairs et les muscles tel un sculpteur antique. Les hommes sont le plus souvent musculeux, fermes et virils comme des gladiateurs alors que les femmes sont d’une beautés sculpturale aux rondeurs généreuses et athlétiques. Rehaussées par des couleurs chaudes et un rendu huilé qui accentuent encore plus les volumes à la manière d’un Richard Corben, les scènes de coïts collégiaux ressemblent plus que jamais à une forme de lutte orgasmique pour le pouvoir d’un sexe sur l’autre. Impossible de ne pas souvent penser à la folie décadente de l’incontournable Messalina de Mitton et l’arène politique de Murena, mais la saga Inguinis sait aussi manifestement tracer progressivement son propre destin et son propre point d’équilibre.