INEXISTENTS

France – 2025
Genre : Fantastique
Dessinateur : Takeliongawa
Scénariste : Miki Makasu
Nombre de pages : 192 pages
Éditeur : Glénat
Date de sortie : 21 mai 2025
LE PITCH
L’Univers commet aussi des erreurs, car certains humains, appelés Inexistents, ne sont pas censés exister. C’est le cas de Tsugumi, autrice taiwanaise à succès du manga “Demon Smile”. Lorsqu’elle découvre la vérité sur sa nature, son monde s’effondre. Seulement, Sof, la créature chargée de corriger l’univers, est aussi un fan absolu du manga “Demon Smile” et se refuse à voir disparaître Tsugumi avant de connaître la fin de l’histoire. Tous deux s’allient alors pour tenter d’empêcher l’effacement…
Création éphémère
Dans sa large collection manga, Glénat propose avec Inexistents une nouvelle production originale conçue entre la France et Taïwan, mais à l’esthétique et la narration foncièrement japonaise. Un drame fantastique foisonnant qui se confronte à l’acte de création et ses conséquences, mais aussi à la peur de l’oubli… Ironie ?
Auteur de manga made in France depuis bientôt 10 ans, Miki Makasu avait fait ses premiers pas chez Ankama avec Double.Me, puis du coté de Webtoon et Clair de Lune avec Kiro Bad Doll, mais c’est véritablement avec son précédent et ambitieux Live Memorium (déjà chez Glénat) qu’il a pu marquer les esprits. On espérait sans doute retrouver un peu de ce mélange de chronique sociale et de science-fiction pour sa nouvelle création, Inexistents qui se tourne cependant vers un étrange mélange de bonne humeur très « anime » avec des personnages humains ou démons un peu azimutés, et une tonalité générale plus sérieuse voir bien sombre. C’est que l’on découvre ici que certains humains sont parmi nous par erreur et que l’univers envoie d’étranges créatures, comme Soft, pour les faire disparaitre littéralement de l’existence. Mais lorsque Soft doit éliminer sa nouvelle cible, il se rend compte qu’il s’agit de Tsugumi, une autrice de manga devenue célèbre grâce à la série en cours Demon Smile, dont il est un véritable fan. Pas question de l’effacer du tableau. Reste alors à trouver un moyen de lui permettre d’aller jusqu’au bout de saga…
A la page
Une idée plutôt prometteuse qui par son aspect méta vient questionner autant l’abnégation de l’artiste, la masse de travail d’une autrice complète dans cette industrie ou l’aspect envahissant des fans, et se permet même quelques parallèles entre le titre qu’on est en train de lire et des pages issues directement du fameux Demon Smile, épopée fantasy aux abords très classiques mais métaphoriques, présenté à divers niveaux de développements (de croquis à étapes finalisés). Miki Makasu a manifestement beaucoup de choses à raconter et brosse le portrait d’une artiste renfermée, peu sure d’elle, prenant le temps d’explorer ses liens difficiles avec le reste de sa famille, puis bifurque dans la dernière partie vers le cadre du thriller en mettant un inspecteur de police à ses trousses à la suite de la découverte de sa présence sur une scène de crime et achève le tout de manière tout aussi brutale. Une fin se voulant sans doute choquante et désespérée mais qui laisse surtout le lecteur sur sa faim et de nombreux sujets sur le bac côté. Inexistents avait-il été prévu sous une forme plus longue ou cet aspect ramassé était-il voulu dès le départ ? En tout cas le résultat est finalement assez brouillon et inabouti, à l’image des illustrations signées Takeliongawa, jeune dessinatrice taïwanaise dont c’est la première publication, aux contours très inégaux, multipliant les décadrages, les inserts et les ruptures de ton comme pour essayer de tout faire rentrer dans quelques pages trop serrées. Tout ici semble constamment à l’étroit.