Souhaitée il y a très longtemps déjà par les créateurs René Goscinny et Albert Uderzo, la série télévisée dédiée à Idéfix (un pilote fut même produit dans les années 70) a finalement vu le jour en 2021 sous la forme de 52 épisodes de 11 minutes. Un programme en image de synthèse complété dans la foulée par une toute nouvelle BD, 72 pages au format moyen et couverture souple, confiée d’ailleurs au directeur d’écriture de la série et ancien collaborateur sur Miraculous : Mathieu Choquet. Jusqu’à là, les albums reprenaientt d’ailleurs plus ou moins la construction en courtes péripéties et gags rapides. Les choses changent avec ce 5ème tome, intitulé Idéfix et le druide, plus ambitieux puisqu’il s’agit tout simplement d’une seule et même grande histoire. On retrouve le célèbre cabot et ses compères (Turbine, Padgachix et Baratine) toujours occupés à contrecarrer les plans des occupants romains (et leurs chiens) dans la grande et belle capitales des gaules. C’est donc bel et bien dans les rues de Lutèce qu’Idéfix aurait croisé pour la première fois un certains Panoramix (bien avant l’album Le Tour de Gaulle donc) venu acheter une toute nouvelle serpe.

Hominum amicus

L’un se fait voler son sac comprenant des ingrédients indispensables à la fabrication de la potion magique, les autres recherches leurs amis domestiques mystérieusement disparus, et de péripéties en poursuites, quiproquos et transformations lycanthropiques (si si), le récit s’amuse à multiplier les clins d’œil aux classiques d’Astérix comme La Serpe d’or, Le Combat des chefs ou Le Devin. Sympa pour les plus grands qui malgré ces notes d’intentions et quelques petits noms propres bien recherchés, resteront un peu dubitatifs devant certaines facilités d’écritures, les gags prévisibles et une structure qui a vite tendance à retrouver ses origines épisodiques. Difficile à atteindre soit, mais on est tout de même très loin la vivacité, de l’originalité et de la pertinence du grand Goscinny, même s’il y a des chances que les plus jeunes y trouvent tranquillement leur compte. On est sans doute un peu plus bluffé par les dessins de Philippe Fenech (Mes Cop’s) qui comme Didier Conrad (en charge des derniers albums d’Asterix) joue la difficile carte du style d’Albert Uderzo. Si parfois certaines cases manquent légèrement le coche, l’ensemble est souvent presque troublant dans le rendu des personnages, des mouvements et des détails des décors historiques.

Malgré de réels efforts, Idéfix et les irréductibles reste un simple produit dérivé du grand Astérix. Mais si cela ouvre une porte pour de jeune lecteurs, après tout pourquoi pas ?