HOST CLUB : LE LYCÉE DE LA SÉDUCTION T.1

桜蘭高校ホスト部 – Japon – 2003
Genre : Comédie sentimentale
Dessinateur : Hatori Bisco
Scénariste : Hatori Bisco
Nombre de pages : 368 pages
Éditeur : Panini Manga
Date de sortie : 14 février 2024
LE PITCH
Haruhi étudie dans un prestigieux lycée de riches. Elle est la meilleure élève de son lycée mais c’est aussi l’élève la plus pauvre. Alors qu’elle cherchait une salle pour étudier tranquillement, elle rentre pr hasard dans la salle du « Host Club » un club composé de beaux garçons qui tiennent compagnie aux filles de l’établissement. Sans le faire exprès, elle casse un vase d’une valeur de 8 millions de yens, pour rembourser sa dette, elle va devoir se faire passer pour un garçon et tenir compagnie à plus de 100 filles.
Rien que pour vos yeux
Dans sa gamme Perfect Edition, Panini Manga s’attaque désormais à la réédition du shojo à succès Host Club. Une comédie sentimentale parfaitement délirante détournant avec bonheur l’image sobrement (et trompeusement) élégante des fameux bars à hôtes.
Une particularité culturelle japonaise où hommes et femmes se rendent dans l’espoir de côtoyer quelques beautés se moulant directement dans les stéréotypes masculins ou féminins du moment. Le but étant simplement de pousser le client par simple excès de charmes à consommer le plus possible. Et le versant avec hôtes masculin est rapidement devenu la version la plus populaire au Japon. Dans Host Club, le manga, l’un de ces lieux de séduction s’est même ouvert directement dans le prestigieux lycée Cerisiers et Orchidées, où un groupe de jeunes hommes bien de leurs personnes, embrassant généreusement chacun un personnage parfaitement identifié (le bellâtre imparable, le taciturne à lunette, le gamin mignonnets et même le duo ambiguë… qui sont de véritables jumeaux…) font le bonheur des filles de l’établissement. Un moyen de combler l’ennui de ses fils de riches, de glorifier l’égo et d’engranger quelques finances supplémentaires. Mais bien entendu l’arrivée de Haruhi, jeune fille à l’apparence totalement garçonne, va rapidement chambouler le microcosme bien rodé. Une figure féminine calme et au regard plutôt acéré n’hésitant jamais à faire quelques remarques bien cinglantes au désespoir d’un Tamaki (qui se fait appeler The King ou « papa ») qui aimerait lui rendre sa féminité, mais aussi un personnage issu d’un milieu beaucoup plus pauvre (elle est boursière, quel exotisme !). Toute la réussite de Host Club repose donc dans ce contraste entre le regard que porte l’héroïne sur ses nouveaux compagnons, devenant elle-même une Host en se faisant passer pour un garçon, et leurs comportement excessifs, constamment caricaturaux et parfaitement loufoques.
Boys Band
Une bande d’allumés trop persuadés de leurs pouvoirs de séduction, des beaux gosses qui se lancent constamment dans des histoires et des plans pas possible et qui se bataillent gentiment les faveurs des demoiselles, et d’Haruhi en particulier. Il faut les voir déguster comme des aventuriers en terres inconnues du café ou des nouilles instantanées, déblatérer des clichés incroyables sur la plèbe japonaise ou prendre la pause en kimono ou en tenues de princes tribaux. Après le mélodrame fantastique Sennen No Yuki, Bisco Hatori ouvrait largement les vannes à un humour débridé, multipliant les gags et les dialogues incongrus dans chaque page, mais s’amuse aussi clairement à se moquer gentiment des codes classiques du Shojo. Ses planches croulent sous les trames à fleurs, les grands yeux brillants et les beaux garçons à la beauté hypnotisante, mais toujours pour mieux y asséner une chute déconnante, une parade en SD et une bonne dose de ridicule. Elle réussit d’ailleurs parfaitement à croiser ses petites sorties de route visuelles avec l’élégance et la ligne charmante du shojo, même si l’hystérie de ses héros entraine parfois quelques saturations de textes et de détails graphiques dans les planches. Le manga installe certes en file rouge une amorce de récit romantique avec une histoire d’amour qui ne va faire que grandir de volume en volume, mais le moteur réel de Host Club reste le caractère bien trempé du petit groupe de personnages, leurs chamailleries incessantes, leurs plans toujours foireux, leur besoin de se raccrocher à une image masculine reconnue et rassurante… et la parodie n’est jamais très loin.
Un soupçon de fable sociale, de réflexion sur les représentations masculin / féminin, une énorme dose d’humour et de jolis élans romantiques indispensables à un bon shojo manga, Host Club se redécouvre avec plaisir et au passage cette fois-ci une édition française sans coquilles.