Impossible de ne pas voir au préalable dans Horizons un nouveau croisement entre les influences incontournables de Walking Dead (en particulier dans le premier tome avec son village zombie) et de Mad Max. Un monde futur décharné et désolé, des survivants épars qui tentent de traverser des déserts peuplés d’animaux prédateurs et d’étranges primates de plus en plus évolués, le lecteur a l’impression d’être en terrain connu mais ce n’est bien entendu pas tout à fait le cas. Autrice de Versipelle et collaboratrice sur l’anthologie Midnight Tales, Isabelle Bauthian teinte son univers d’une curieuse note de Fantasy (et/ou de science-fiction) où les guerres du monde d’avant se réglaient à l’aide d’hommes et de femmes possédants d’authentiques dons magiques. L’homme et la femme qui se rencontrent au début du premier album sont donc respectivement un nécromancien, tentant d’oublier sa solitude en réanimant les habitants d’un village isolé, et une empathe, rapidement définie comme « sorcière » pouvant ressentir et modifier les émotions. Deux survivants qui vont devoir réapprendre à cohabiter et collaborer malgré leurs méfiances réciproques, en particulier lorsqu’ils rencontrent une communauté renfermée sur elle-même et aux regards insistants.

Magique Armageddon

Les choses ne sont rarement ce qu’elles semblent être dans Horizons à l’instar du jeune homme extravagant, surnommé le Pistolero par ses nouveaux compagnons de route, dont l’arrivée va autant les amener à retrouver une ville relativement épargnée tout en provoquant dès le début du tome 2 une lente, froide et terrible vengeance. Les personnages ne cessent d’évoluer, leurs relations se tendent mais se complètent, et la scénariste capture toujours très efficacement leurs natures profondes, leur complexité, venant éclairer du même coups un décorum réaliste, sombre et inquiétant mais aussi plein d’espoir ou nouveaux scientifiques, nouvelles religions et rescapés lambda tentent d’y voir plus clair et d’entrevoir un avenir. Une lecture intrigante dont l’une des autres originalités est d’être mise en image par la dessinatrice Anne-Catherine Ott déjà présente sur les planches de Versipelle, et qui s’éloigne de l’ultra-réalisme ou des atmosphères graphiques plutôt musclées de ce type de récits. Là encore, une certaine touche féminine se fait ressentir avec un trait épuré, voir simpliste, mais dont les contours esthétiques et le découpage déposent de nombreuses petites subtilités et finesses toujours plus au services des personnages, de leurs émotions, que de l’action proprement dit. Il ne reste plus qu’à déguster le troisième et dernier tome dans quelques semaines…