HITMAN VOL.1
The Demon Annual #2, Batman Chronicles #4, Hitman #1-20 – États-Unis – 1993 / 1997
Genre : Super-héros, Comédie
Dessinateur : John McCrea
Scénariste : Garth Ennis
Nombre de pages : 576 pages
Éditeur : Urban Comics
Date de sortie : 03 mai 2023
LE PITCH
Agressé par un parasite extraterrestre, le tueur à gages de Gotham, Tommy Monaghan obtient deux dons surhumains : une vision à rayons-X et la capacité de lire dans les pensées. Désormais, entre deux parties de billard au bar Chez Noonan, Tommy remplit des contrats placés sur la tête des métahumains. Au cours, de ces expéditions périlleuses qui mettent en danger la vie de ses proches, celui qui se fait appeler Hitman croise la route d’Etrigan le Démon, de Batman et du Joker, et même d’animaux aquatiques zombies !
Tommy Kills The DC Universe
Encore totalement, et très injustement inédite en France, la série Hitman, crée par Garth Ennis et John McCrea est enfin traduite chez nous. Trois volumes avec une pagination maousse pour une intégrale qui sent la déconne entre potes, la bière, la poudre et un peu l’urine aussi.
Fraichement émoulu au sein de l’équipe DC Comics en ce début des années 90, bien occupé à apposer sa marque sur la série culte Hellblazer et à redonner un peu de peps au Démon de Jack Kirby, Garth Ennith n’a sans doute pas accueilli Bloodline, un crossover concept de l’éditeur, avec le sourire. Une énième invasion alien, mais ici plutôt voraces et crados, dont le but avoué en coulisses était de faire naitre, au milieu de séries mères (comme ici The Demon) de nouveaux super-héros plus ancrés dans les années 90, puisque les survivants d’une attaque de ces créatures se réveillaient parfois avec des supers-pouvoirs inédit. Pourtant, au milieu d’une petite dizaine de titres qui disparaitront rapidement des étals et qui sont aujourd’hui totalement oubliés, seul Tommy Monaghan aura réussi à faire ses marques et à s’installer à la fraiche pour un run de 60 numéros ! Il faut dire que celui qui se fait désormais appeler Hitman n’est pas un super-héros… ce n’est pas vraiment un héros non plus. Un tueur à gage en l’occurrence, avec son propre sens de la morale (il élimine que des salauds) désormais doté d’une vision à rayon X (pour voir à travers les murs mais pas que…) et de lire les pensées.
le bon calibre
Plus efficace que jamais dans son boulot, plus grande gueule que jamais dans la vie, mais toujours avec un petit coté looser, pauv’mec caché sous le sourire de charmeur, comme les affectionne tant le scénariste. Aujourd’hui forcément, après lecture du phénoménal run sur The Punisher (auquel cet album ressemble beaucoup) ou la création The Boys, Hitman ne semble forcément pas aussi novateur et percutant, le ton se montrant certes moqueur et irrespectueux, mais moins rageux et certainement moins démonstratif que certaines de ses œuvres plus récentes. Pourtant le titre ne manque certainement pas de charmes avec son humour décalé, sa volonté de constamment moquer et ridiculiser le monde des super-héros (Green Lantern crétin, Batman sociopathe, un groupe d’alcoolo et et schyzo se faisant appeler la Section Huit…), excepté la somptueuse Catwoman, auquel le scénariste prête ici une personnalité badass franchement inédite. Si l’on retire la toile de fond DC, Hitman ressemble surtout à une nouvelle chronique des sales gueules des quartiers populos, des piliers de bars devenus francs camarades, de vétérans assassins lancés dans une compétition presque (presque) saine, en particulier lorsqu’il s’agit de tirer dans le gras de gangs mafieux cons comme leurs pieds. Et certains ont deux têtes. Le fantastique ici, que ce soit une invasion infernale ou une armée d’animaux zombies, penche clairement vers la caricature et la parodie généreusement servie par le copain John McCrea (The 99, Crisis, The Boys…).
Hitman donne dans la blague bien grasse, dans les virées bordéliques à souhait, mais comme bien souvent, la série n’oublie pas de construire un personnage aussi agaçant qu’insupportable, mais tout ussi charismatique, sympathique voir même humain lorsqu’il est confronté à la perte irrémédiable d’un ami d’enfance. Entre deux grosses accolades bien viriles et deux blagues en dessous de la ceinture, Garth Ennis savait déjà cueillir la petite larme au coin de l’œil. C’est que derrière le viseur et les lunettes de tueur, il y a aussi un petit cœur qui bat.