HÉRITAGE PERVERS
Wicked Legacy – Espagne – 2023
Genre : Erotique
Dessinateur : Erich Hartmann
Scénariste : Erich Hartmann
Nombre de pages : 52 pages
Éditeur : Tabou BD
Date de sortie : 12 juin 2024
LE PITCH
Trois soeurs, orphelines depuis la disparition de leurs parents dans un accident, ont été élevées par leur grand-mère. Le décès de la vieille dame en fait les héritières du manoir Wright. Accompagnées de leur oncle Warren, les trois jeunes femmes se rendent chez le notaire pour la succession mais rien ne laissait présager que la journée ne serait pas qu’une simple démarche administrative..
Charmés
Le créateur de la longue et fructueuse série des Orgies Barbares, peuplée de guerrières peu vêtues, de voleurs de virginité, de sorciers libidineux et d’orcs pervers, revient chez Tabou avec un album plus classique : Héritage pervers. Mais la magie et la soumission ne sont jamais bien loin.
Pour qui a grandi dans les années 90/2000, la fameuse trilogie du samedi de M6 avait forcément une petite saveur toute particulière. Si elle n’était pas la meilleure série du lot (y avait les X-Files et Buffy en concurrence tout de même), Charmed en fut pourtant l’une des plus emblématiques et l’une des plus plébiscités par le public. Ça tombe bien, comme son nom ne l’indique pas du tout, Héritage pervers est un remake des aventures des sœurs Halliwell. Rien à voir non plus avec le reboot déjà oublié de 2018 (4 saisons tout de même !) l’idée est ici, comme l’explique parfaitement l’introduction de donner une vraie modernité au pitch d’héritage ensorcelé, en croisant le récit d’une vieille malédiction familiale avec les attentes libidineuse des accrocs à Pornhub et Onlyfan. L’actrice principale n’est pas forcément très heureuse de cette nouvelle orientation mais une fois passée la cartouche du chantage et un chèque bien mirobolant, elle accepte la proposition et se lance corps et âme dans un épisode pilote qui constitue la plus grande part de l’album. Un angle plutôt amusant il faut bien l’avouer, et qui vengera certains de nombreuses heures de visionnages d’épisodes bien niais, mais qui au-delà de son postulat de départ n’offrira par la suite plus grand-chose d’autre.
Mais où est Alyssa Milano ?
Artiste espagnol (comme son nom ne l’indique pas non plus), Erich Hartmann délaisse un temps les fameuses Orgies barbares (disponible chez le même éditeur) qui ont fait sa gloire, pour s’inscrire dans un contexte bien plus contemporain, pas loin même dans les premières pages d’un thriller un peu glauque. Mais très vite, le naturel revient au galop, l’esprit moyenâgeux dans la carriole, avec un flashback historique échappé d’un vieux film gothique, puis une action uniquement restreinte à une cave cachée, transformée en chambre des sévices… à la médiévale. Et sorcellerie oblige, on y retrouve même quelques marottes plus exotiques de l’auteur dont une apparition toute en tentacules d’un démon ancien. Reste donc pour l’amateur de BD porno avisé une exploration des fantasmes purement S&M où la pauvre Jennifer se retrouve rapidement mise à terre par un couple de lointains ancêtres ressuscités, qui après quelques tensions et des pratiques forcées, prend finalement énormément de plaisir à se complaire dans la position de l’esclave parfaitement soumise, acceptant les coups de fouets, les fellations bourrines (même sur le tonton que les mains baladeuses répugnaient), les sodomie sans ménagement et les humiliations diverses. Cela reste de la BD, du pur fantasme de papier, et il faut reconnaitre à l’artiste que de ce coté là il maitrise parfaitement ses attributs : les dessins sont impeccablement démonstratifs, les corps terriblement sensuels, la colorisation très charnelle et les coïts s’enchainent sans faiblir… jusqu’à une ultime petite pirouette parodique pour finir sur une note plus détendue.
De la BD X de base, qui va à l’essentiel et il y a bien entendu une clientèle très fidèle pour ce genre de choses.