HEDRA

Etats-Unis – 2020
Genre : Science-Fiction
Dessinateur : Jesse Lonergan
Scénariste : Jesse Lonergan
Nombre de pages : 56 pages
Éditeur : Les Humanoïdes Associés
Date de sortie : 2 avril 2025
LE PITCH
La Terre se meurt. Pour chercher une solution, une astronaute est envoyée aux confins de l’espace. Elle croise le chemin d’un cyborg stellaire dont la rencontre lui ouvrira des perspectives nouvelles.
A Map to the Stars
Artiste remarqué pour son album Arca mais aussi pour son petit passage dans les pages du célèbre mook des Humano, Jesse Lonergan ouvre la nouvelle collection les OVNI de Métal Hurlant, dédiée aux créations plus expérimentales, aux formats hors normes et à la narration décalée. Space Opera sans parole ni musique, Hedra est un voyage dans le cosmos… et le 9eme art.
Un album au format large, des planches qui se découpent en gaufriers fourmillants de détails et de formes, des constructions géométriques qui se superposent, des aplats de couleurs en bichromie qui dessinent autant les formes que les atmosphères, voici de quoi se constitue essentiellement la dernière création de Jesse Lonergan. Une aventure tout d’abord auto-éditée au format journal puis repérée et reprise par Images Comics et finalement exportée par Les Humanos qui revient à la source de la bande dessinée où l’essentiel reposerait sur le graphisme plutôt que sur le texte. A la manière d’un Chris Ware (Jimmy Corrigan) mais avec des traversés des déconstructions psychédéliques de Steranko et des constructions dynamiques de Will Eisner, Lonergan reconstruit donc un univers dessiné qui n’existe pas sous la forme d’une simple succession de tableaux, mais bien d’un enchainement de structures, de formes, de lignes et d’espaces où renaissent les notions de rythme, de grammaire et donc de narration.
Aérodynamique
Les mouvements ne cessent de se décomposer, d’imposer leur propre tempo, les échelles volent en éclats au profit du ressenti et des projections imaginaires, et réussissent quasiment dans 100% des cas à transmettre toutes les informations voulues et la fluidité de lecture attendue. Un puzzle visuel au service d’une histoire de science-fiction épique et métaphysique dans lequel une femme pilote, dernier espoir d’une humanité ravagée par une guerre nucléaire terminale, traverse l’espace à la recherche de formes de vie pouvant renouveler l’atmosphère de la terre. Du moins c’est ainsi que nous l’avons compris. Mais durant son périple de planètes en planètes, elle croise le chemin d’une sorte d’humanoïde mécanique pouvant changer de taille, se fait attaquer par des créatures primitives et devient malgré elle la nouvelle entité d’un panthéon cosmique. La pièce manquante d’une cosmogonie mathématique. Quelques traces du voyage de Gulliver à Lilliput, de l’action presque super-héroïque, un peu de Kubrick et de Kirby dans la foulée, Hedra penche toujours plus vers la poétique graphique que vers le strip musclé et spectaculaire, vers le lyrisme planant et plein d’espoir que vers la fable post-apocalyptique.
Un album qui sort effectivement des sentiers battus. Non pas forcément pour ce qu’il a à raconter, mais bien par la manière avec laquelle il le fait. Une jolie leçon de narration séquentielle, jamais si loin que ça du storyboard conceptuel, qui fait voyager en silence.