HACK / SLASH : BACK TO SCHOOL
Hack / Slash : Back To School #1-4 – Etats-Unis – 2023 / 2024
Genre : Fantastique, Comédie
Dessinateur : Zoe Thorogood
Scénariste : Zoe Thorogood
Nombre de pages : 112 pages
Éditeur : Hi Comics
Date de sortie : 13 novembre 2024
LE PITCH
La chasseuse de slashers Cassie Hack commence tout juste à s’habituer à son partenaire homme-monstre, Vlad, lorsqu’elle se retrouve entraînée dans une nouvelle affaire impliquant une mascotte lapin meurtrière, des enfants morts et une escouade entière d’adolescents chasseurs de tueurs en série !
Première de la classe
Cassie Hack est de retour ! Qui ça ? Cassie Hack, l’héroine de Hack/Slash une création indépendante de Tim Seely qui va déjà sur ses vingt ans. Comment ça vous ne la connaissez pas ? Pas grave, Zoe Thorogood a tous les talents pour vous la présenter et vous la faire adorer.
Effectivement, en dehors de seulement deux tomes il y a quelques années chez l’éditeur Wetta, la série Hack/Slash avec sa Buffy gothique dopée à l’humour noir et sa cohorte de références à la culture horreur, n’a pas vraiment connu un grand retentissement par chez nous. Amusant de voir qu’à seulement quelque mois d’écarts deux éditeur français s’y sont de nouveau intéressé : Vestron pour un crossover plutôt réussi avec The Crow et ici Hi Comics pour une carte blanche à Zoe Thorogood qui déménage. C’est sans doute surtout la présence de l’artiste à la création de ce spin-off qui a motivé la traduction française, la jeune artiste ayant multiplié en quelques années à peine un déluge de nominations aux Eisner Award et autres compétitions de la BD américaine, et des titres mémorables comme It’s Lonely at the Center of the Earth, Rain ou Life is Strange : Forget Me Not. Un trait brut mais étrangement délicat, une poésie romantique éthérée qui peut vriller au cauchemar particulièrement démonstratif, une personnalité qui, comme le prouve de manière troublante un charmant cosplay en fin d’album, affirme une certaine proximité avec la tueuse de slasher en question. Ici d’ailleurs Zoe Thorogood s’affranchit de la chronologie de la licence et décide de lui offrir un grand flashback, un retour aux origines parfaitement résumé dans les premières pages d’ouvertures.
Club meurtre & maquillage
Réapparition donc de la Cassie adolescente, tout juste traumatisée par sa mère cantinière ayant dévoré ses anciens camarades d’école, tout juste acoquinée avec Vlad, le géant béta, flippant mais efficace, venant tout juste de se lancer dans la carrière peu rémunérante de tueuse freelance. Une rencontre avec une directrice badass d’une école un peu spéciale et le scénario s’engouffre vers une voie inédite. Une sorte de Drôle de dames gore à souhait, un Harry Potter peuplé de teen-girl cabossée par la vie et les familles maltraitantes, envoyée régulièrement en mission, et en équipe, pour sauver le monde de quelques créatures improbables : un monstre de pixel infiltré dans un jeu vidéo conceptuel, une matrone échappée d’un film japonais poussant les enfants trop heureux à massacrer leur parents, un professeur Frankenstein transformant des stripteaseuses en aggloméra de chairs digne de Society… L’imagination de Zoe Thorogood déborde à chaque page maniant le baroque et le grand guignol avec talent et ferveur, multipliant les tableaux on ne peut plus explicites et crados sous un défilé de couleurs flashy et de rose bonbon. Ça dépote, c’est souvent jubilatoire, mais c’est aussi particulièrement touchant lorsqu’elle prend le temps de faire (re)vivre Cassie et ses copines, toutes au caractère bien trempés, déjouant non sans ironie les petits pièges des stéréotypes (la nerd, la bimbo, la rebelle taciturne…) avec forcément une petite préférence pour Boo, contraction de Buffy, Harley Quinn, l’héroine de Lolipop Chainsaw et d’une sociopathe, cachant sous sa bonne humeur écervelée et ses tenues limite indécentes une souffrance déchirante. L’autrice nous fait vraiment apprécier ses personnages et les épisodes se suivent avec plaisir ouvrant la voie à une longue série d’aventures pleines de potentiel, de monstres délirants, d’amitiés indéfectibles et de redécouvertes sentimentales… Sadique, Back to School s’achève (trop ?) brutalement avec un goût bien amer en bouche.
Une histoire de démons intérieurs et de monstres cachés sous le lit que l’on aurait aimé voir revenir pour un second tome, mais Zoe Thorogood en a décidé autrement. Cruelle. Mais le manque ressenti prouve bien que l’artiste a réussi son coup, signant là un condensé frénétique de slasher saignant et de drame adolescent, offrant une nouvelle épaisseur à la série Hack/Slash tout en lui offrant une porte d’entrée idéale.