GUNSLINGER SPAWN T.1
Gunslinger Spawn #1-6, Spawn Universe #1 – États-Unis – 2021/2022
Genre : Super-héros, Fantastique
Scénariste : Todd McFarlane, Ales Kot
Illustrateur : Brett Booth
Éditeur : Delcourt
Pages : 192 pages
Date de Sortie : 16 novembre 2022
LE PITCH
Gunslinger Spawn, autrement appelé le Pistolero, est un homme hors de son temps, perdu dans le futur et à la recherche d’un chemin vers son passé. Il a un compte à régler avec ceux qui lui ont fait du tort, mais après s’être jeté la tête la première dans un conflit bien plus important – qui concerne le sort de l’humanité tout entière – il découvre que sa vengeance devra peut-être attendre un peu.
Spawn from the West
Deuxième volet de la nouvelle direction prise par la licence Spawn, Gunslinguer Spawn offre au Desperado, échappé de la grande époque de la conquête de l’ouest, sa propre série. Un peu moins sérieux que le titre consacré au tragique Al Simmons, mais toujours aussi violent cela va de soi.
C’est la nouvelle ambition de Todd McFarlane : donner à son rejeton de l’enfer un univers plus étendu que jamais par le biais de plusieurs titres qui en exploreraient les nouvelles frontières en parallèle. Après la série mère King Spawn bien entendu consacrée au héros historique et avant le prochain Scorched consacré à Miss Spawn (oui, oui) et sa team de bad guys, voici donc le très iconique Gunslinguer Spawn, alias Le Desperado en français. Un personnage jusque-là assez énigmatique apparu pour la première fois dans les pages de Spawn Renaissance 10, alors que le Spawn de notre époque le faisait voyager dans le temps de manière assez involontaire. Après une première vraie rencontre dans le premier tome de King Spawn, il prend enfin un peu le large et entend bien retrouver un moyen de retourner à son époque et mettre enfin la main sur celui qui dirigeait le gang qui l’a assassiné lui et sa sœur. Ses origines restent cependant encore dans l’ombre, McFarlane qui officie ici uniquement comme scénariste, préférant distiller tranquillement les flashbacks afin de ne pas tout éventer trop tôt. Il n’en reste pas moins que le personnage, moins puissant mais plus malin et roublard que son célèbre confrère, offre une agréable rupture de ton avec les atmosphères pesantes et toujours dramatiques d’Al Simmons.
Sacrée dégaine
Si l’humour repose souvent sur le décalage entre l’époque d’où vient le Pistolero et la modernité dans laquelle il a atterri, le second degré est tout aussi présent et accompagne un ton plus décomplexé qui n’est pas sans rappeler les premiers épisodes des années 90. D’ailleurs McFarlane, qui a certes un peu tendance à se perdre dans son écriture toujours un peu trop ampoulée, ne se prend pas trop la tête du coté des ressorts dramatiques, se contentant de balancer une armée d’anges déchus au train de son héros, puis de le confronter à une nouvelle version du Violator, multiple, mais toujours aussi bavardes et imbues d’elle-même. Entre joutes verbales et grosses artilleries avec hordes de mini-clowns voraces et ailes arrachées à pleines main, l’auteur semble parfois surtout accumuler les cadeaux pour son excellent illustrateur Brett Booth. Cocréateur de Backlash avec Jim Lee, et remarqué sur Teen Titans ou The Flash, il signe ici une sacrée démonstration de force, se réappropriant admirablement les designs de son mentor, s’inscrivant parfaitement dans la lignée de McFarlane, de Greg Cappulo et même Tony Daniel, il retrouve ces mêmes airs poseurs et cette opulence décomplexée qui ont toujours fait le charme des séries Spawn. Des planches fouillées, spectaculaires, gracieuses et bourrines où, comble du bonheur, on croise même une armée de dinosaures enragés, justes posés là pour se faire plaisir graphiquement.
Une sympathique addition à l’univers de Spawn donc, proposée qui plus est dans une édition très complète avec les trois mini-épisodes servant d’interludes (donc deux très western), des interviews des auteurs, quelques croquis et la galerie de couvertures.