GUNDAM THE ORIGIN T.1
機動戦士ガンダム THE ORIGIN – Japon – 2002
Genre : Science-Fiction
Dessinateur : Yoshikazu Yasuhiko
Scénariste : Yoshikazu Yasuhiko
Nombre de pages : 448 pages
Éditeur : Vega
Date de sortie : 4 octobre 2024
LE PITCH
L’histoire bascule le jour où, décidé à devenir indépendant, le duché de Zeon – la colonie la plus éloignée de la Terre – déclare la guerre aux forces fédérales terriennes. En un mois, la moitié des combattants de chaque camp trouve la mort, et laisse dans le désarroi les populations civiles. Zeon et les forces terriennes se surveillent mutuellement pour découvrir quels nouveaux types de Mobile Suit sont développés en secret. Pour mettre la main sur certains prototypes particulièrement puissants, tous les coups sont permis…
(Re)Rise of the Machines
Série fondatrice du récit de robot géant au Japon, Mobile Suit Gundam, et ses nombreux dérivés, suites, spin-off et autres, auront mis du temps à trouver véritablement leur public en France. Avec les rééditions Bluray de All The Anime et les diffusions de certains titres sur les plateformes de streaming, l’univers se démocratise enfin. Le moment idéal pour Vega / Dupuis de proposer à nouveau la publication de Gundam The Origin, considéré par les fans comme la meilleure variation manga… il faut dire que c’est le fabuleux Yoshikazu Yazuhiko qui est aux commandes.
Un très grand artiste du manga et de l’animation à qui on doit Venus Wars ou Arion, mais dont l’un de premiers travaux d’envergure fut justement comme character designer sur la toute première série animée produite par Sunrise en 1979, celle qui changea littéralement le visage de l’animation japonaise (sans Gundam pas de Macross, Patlabor ou Evangelion…). C’est cependant plus de vingt ans plus tard que fut conçu son adaptation directe en manga, avec au passage l’opportunité pour l’artiste de se réapproprier avec pertinence l’univers et la grande toile qui forme le récit. En vingt ans son style graphique c’est considérablement amélioré, son trait raffermi, son découpage précisé, mais surtout son regard sur cette aventure qui a bien souvent servi de point pivot à toutes les autres, à considérablement muri. En restant très fidèle au évènements et aux personnages décris tout au long des 43 épisodes, Yas (surnom affectueux donné par ses fans) va leur offrir un écoulement souvent bien plus naturel (apparition de certains robots, rencontre entre certains personnages, antagonismes plus nets et développés…), plus fort, mais aussi se livrer en plein milieu de son manga à un énorme flashback totalement inédit, venant révéler pour la première fois tout le background politique et technologique de Mobile Suit Gundam en s’axant sur l’ascension de celui qui deviendra le charismatique Char Aznable, dit la comète rouge, antagoniste principal.
Point Zéro
Imposant et ambitieux, Gundam The Origin est à la fois une refonte pointue de l’animé et une porte d’entrée parfaite pour les nouveaux venus qui seront totalement embarqués par ce récit de science-fiction qui ne se contente jamais de multiplier les spectaculaires combats de mécha et les batailles d’un space opera grandiose, mais qui surtout développe le récit d’une guerre destructrice et catastrophique entre terriens et anciennes colonies, au milieu duquel toute une jeune génération qui n’en demandait pas tant va devoir prendre partie et prendre des risques considérables au risque d’y perdre la vie, ou de voir ses proches y laisser la leur. Yas baisse d’ailleurs légèrement le niveau d’humour présent dans l’animé, question d’affirmer plus encore le sérieux d’une trame aux instance dramatiques, profondes et complexes, décrivant un futur humain toujours autant marqué par la guerre et l’élimination de son prochain. Une réalité qui frappe les protagonistes de plein fouet, à commencer par le «héros» Amuro Ray, adolescent pas toujours aimable et supportant mal l’autorité, propulsé pilote involontaire et forcé du prototype de MS Gundam, qui va connaitre de multiples transformations tout au long des évènements. Dès les premiers chapitres regroupés ici, l’importance de l’humain sur le mécanique, des personnages sur les iconiques grands robots, est évidente, tout autant que la puissance d’un scénario qui happe immédiatement le lecteur témoin de l’attaque destructrice d’une colonie pacifique, de l’évacuation de sa population survivante et de la fuite d’un unique vaisseau jusqu’à la terre, sans une once de temps mort.
Yoshikazu Yasuhiko y déploie tous ses talents de narrateur, d’ancien storyboarder, délivrant des planches toujours sublimes, impeccablement détaillées, superbement mis en valeur par une édition grand luxe avec son format légèrement plus large qu’un manga classique, son papier glacé, sa couverture en dur, ses passages couleurs consciencieusement reproduits et surtout sa très forte pagination. Un superbe objet qui fait honneur à un très grand manga… presque un monument du genre.