GUEULE DE CUIR T.1 : L’ÉPÉISTE
France – 2024
Genre : Aventure
Dessinateur : Stéphane Créty
Scénariste : Pierre Pevel
Nombre de pages : 64 pages
Éditeur : Drakoo
Date de sortie : 10 janvier 2024
LE PITCH
1633. Dans la France de Louis XIII et de Richelieu, magie noire et alchimie sont à l’oeuvre. Tandis que de mystérieuses factions s’affrontent en secret autour du Zodiaque du Diable, un redoutable nécromant étend son règne sur les bas-fonds de Paris et rêve de vengeance. Contre lui, un seul homme peut encore se dresser. Un duelliste que le destin a maudit et qui n’aura d’autre choix que d’accepter le masque et la destinée de Gueule-de-cuir.
Le Masque et la plume
Un nouveau super-héros bien de chez nous est prêt à prendre la défense de notre beau Paris. Voici donc Gueule de cuir, maniant l’épée et l’alchimie, dans les ruelles mal famées d’une cité plus dangereuse que jamais, porté avec talents par la plume de Pierre Peyel et les crayons de Stéphane Créty.
Se réapproprier la figure du surhomme semble être une petite marotte, bien compréhensible, de nos auteurs français. On ne compte plus ainsi les réinventions ou réactivations locales de l’homme masqué tranchant avec la parodie, hilarante soit, de ce bon vieux Superdupont. Une malédiction qui pourfendait parfaitement le Masqué de Serge Lehman et Stéphane Crety. Cela tombe bien, c’est le même illustrateur que l’on retrouve ici donnant corps cette fois-ci non pas à un Nouveau Paris d’anticipation, mais à une capitale aux racines encore bien ancrées dans le passé du XVIIème siècle. La France de Louis XIII et Richelieu reproduite avec forts détails et un réalisme poussé dans les architectures et les paysages, mais où l’artiste s’appuie justement sur sa précision pour en repousser les limites vers une vision plus obscure, inquiétante et hypertrophiée, comme une Gotham de cape et d’épée. Un décor baroque et évocateur idéal pour le récit concocté par Pierre Pevel (Le Paris des merveilles) dans lequel un jeune épéiste est assassiné par l’homme qu’il devait protéger… avant de revenir à la vie, nouveau détenteur du masque de Gueule de cuir. Un déguisement aux airs inquiétants mais qui en plus d’une agilité décuplée lui offre aussi une vision nyctalope.
La nuit est son domaine
Une passation de pouvoir digne d’un comic qui s’accompagne, en plus de son contexte historique bien incarné, d’une toute nouvelle mythologie tournant autour d’un Zodiaque du diable et de triades lancées dans un jeu de pouvoir pour obtenir le contrôle du pays. Et comme tout bon (super)héros doit avoir son nemesis, celui de Gueule de cuir n’est ni plus ni moins que le Roi des tombes, figure obscure et machiavélique responsable de l’enlèvement et de la mort de jeunes enfants.
Une sacrée entrée en matière, riche et solidement construites, qui réussit à affirmer ses personnages et les enjeux avec une certaines facilités. Si les dialogues sont présents, et parfois volontairement mystérieux, ils ne sont jamais envahissant et servent surtout comme impulsion à une aventure qui croise étonnement et élégamment le sérieux romanesque de Les 7 vie de l’épervier (ou Masquerouge) et le fantastique iconique d’un Batman. Artiste franco-belge jusqu’au bout de la plume mais illustrateur nourri de comics depuis son enfance, Créty démontre une nouvelle fois ses imparablesqualités de narrateur, insufflant à l’ensemble un découpage nerveux et fluide cherchant toujours moins la démonstration virtuose que l’efficacité et la maitrise du rythme.
Annoncé pour l’instant comme un seul triptyque, ce Gueule de cuir à clairement le potentiel pour devenir une figure récurrente de la BD.