GUERRES & DRAGONS T.1 : LA BATAILLE D’ANGLETERRE
France – 2024
Genre : Fantastique, Guerre
Dessinateur : Vax
Scénariste : Nicolas Jarry, David Courtois
Nombre de pages : 64 pages
Éditeur : Soleil Éditions
Date de sortie : 10 avril 2024
LE PITCH
1940. Hitler souhaite un traité de non-agression avec l’Angleterre qui rejette la proposition. L’armée allemande s’apprête à déferler sur les côtes britanniques défendues par la Royal Air Force. Tandis qu’un dragon cherche à se lier à elle, Alexandra doit fuir vers les USA avec son frère. Alors que leur navire s’éloigne, ils sont attaqués par deux dragons allemands.
Royal Dragon Force
Les dragons se sont confortablement installés chez Soleil et sont à nouveau les atours principaux d’une nouvelle série de Fantasy de la maison d’édition : Guerres & Dragons. Des créatures toujours aussi mythiques, prodigieuses, mais qui se tapent l’incruste en pleine Seconde Guerre Mondiale pour ce tome inaugural.
Pour qui a l’habitude de lire les nombreuses séries phares de chez Soleil Editions, Nicolas Karry est une signature incontournable qui a fait ses bonnes œuvres sur de nombreuses sagas comme Nains, Elfes, Les Dragons des cités rouges, Conquêtes, Les Maitres inquisiteurs (entre beaucoup d’autres), toutes plongeants leurs racines dans une Heroic Fantasy classique mais solide. Avec cette nouvelle création, imaginée à priori il y a quelques années avec le compère Jean-Luc Istin, le scénariste prend légèrement ses distances avec les contrées féeriques, les peuples fantastiques et les grands feuilletons à la Tolkien, mais se garde sous le coude les on ne peut plus charismatiques dragon qu’il projette directement dans les grands épisodes de l’histoire humaine, et plus particulièrement les grandes batailles des siècles derniers. Une série concept comme les affectionne l’éditeur puisque chacun des tomes à venir se construira de la même façon à la fois comme un one-shot, avec des époques et des personnages différents, mais bien entendu un arrière-plan plus cohérent qui se dévoilera progressivement. On connait la formule, et il faut affirmer que même l’idée d’effectuer une relecture historique en y insufflant les fameuses créatures n’est pas tout à fait neuf.
Sorti de son œuf
Cependant il est indiscutable que la présence du très doué Vax (Yiu Premières missions, La Geste des Chevaliers dragons, Prométhée…) comme dessinateur attire forcément l’œil. Une fois encore les lézards géants, tour à tour volants, massifs ou aquatiques sont impeccablement incarnés, extrêmement détaillés et spectaculaires, tandis que la précision de son trait fait tout autant de merveilles sur les décors réalistes et les reconstitutions d’avions d’assauts et autres engins militaires de l’époque. En termes de simple divertissement visuel, La Bataille d’Angleterre est indéniablement réussie, enchainant les scènes de bombardements, de batailles aériennes, d’affrontements de créatures associées aux alliés ou à l’axe, avec un sens du découpage et du spectaculaire éclatant. Malheureusement au milieu de ces jets de flammes et de ces hurlements bestiaux, l’histoire proprement dite à beaucoup de mal à prendre. Cette tragédie familiale avec le patriarche tombé au combat, la mère qui a fini par s’effondrer de désespoir, le fiston qui doit reprendre la tradition paternelle en devenant à son tour pilote, les deux derniers perdus en mer et retranchés sur un phare isolé en compagnie d’un vieil écossais alcoolo, aurait clairement eu besoin de beaucoup plus de pages pour se développer convenablement. Idem pour la relation qui lie la jeune Alexandra à un immense « osseux » qui va lui venir en aide, et les conséquences de cette connexion sur l’issue de la guerre, qui passe extrêmement rapidement à une peur de l’inconnu à une fusion naturelle et destructrice en quelques pages seulement.
Et comme toute la trame se déroule en marge des grands évènements de cette Bataille d’Angleterre (quelques infos passent par la radio), on a plutôt la sensation que ce croisement entre la Seconde Guerre Mondiale et les ailes d’écailles, tient plus du fantasme graphique que, pour l’instant, d’un grand plan scénaristique. Peut-être que les albums à venir nous feront mentir ?