GODZILLA VS. MIGHTY MORPHIN POWER RANGER
Etats-Unis – 2022
Dessinateur : Freddie E. Williams II
Scenariste : Cullen Bunn
Nombre de pages : 128 pages
Distributeur : Vestron
Date de sortie : 31 janvier 2023
LE PITCH
Après avoir été ressuscité par une entité sinistre, Art le Clown revient dans la ville de Miles County où il prend pour cible une adolescente et son jeune frère le soir d’Halloween.
Rumble with attitude
Vestron nous dégotte un nouveau crossover pas piqué des hannetons avec la rencontre atomique entre le roi des monstres, Godzilla, et les adolescents colorés et amateurs de métamorphoses typées, les Power Rangers. Et comme parfois il ne faut pas chercher midi à quatorze heures, ils ne sont pas là pour refaire le monde autour d’une bonne tasse de thé.
Les adaptations en comics de licences aussi fortes que celles de Godzilla ou Power Rangers peuvent parfois permettre de creuser plus avant des univers que l’on croyait connaitre sur le bout des doigts. Pour le lézard géant on a ainsi pu découvrir quelques étranges voyages presque métaphysiques brillamment portés par des artistes aussi marqués que James Stokoe, tandis que l’ancienne sitcom de la Saban s’est finalement avérée un feuilleton super-héroïque à la cosmogonie de plus en plus complexe. Mais on n’est pas ici dans l’art et essai ou dans le passage à l’âge adulte des sentais américains, mais bien dans une mini-série blockbuster venant donner ni plus ni moins que ce que lecteur lambda est venu chercher : de la bagaaaare ! Une des illustrations alternatives de couvertures montre deux enfants jouant joyeusement avec leurs figurines Godzy et Mighty Morphin, et finalement c’est exactement à cela que Cullen Bunn (Harrow County, The Sixth Gunn) nous convie avec une honnêteté désarmante. Dans une astuce prétexte de scénariste, Rita Repulsa embarque donc nos héros Vert, rouge, rose & co dans un monde parallèle où sévit le titan crée par Inoshiro Honda et très rapidement la bagarre commence. Super Zord contre Godzilla tout d’abord, tandis que la vilaine sorcière s’allie, un temps, avec les envahisseurs de la planète X (cadeau pour les amateurs), avant que Power Rangers et dino radioactif œuvrent plus ou moins main dans la main contre les monstres géants envoyés conjointement et successivement par la sorcière et les extraterrestres avec quelques stars comme Gigan ou King Gidhorah en tête d’affiche.
« Summon the Megazilla ! »
Les dialogues ne volent pas bien haut, la psychologie est aux abonnés absents dans ce grands spectacle binaire mettant uniquement en valeurs l’échelle colossale du Megazord et des kaiju mythiques. Le scénariste reprend d’ailleurs sans vergogne la structure narrative du tokatsu de base en faisant apparaitre en premier lieu les combattants au sol, puis les faisant faire appel à leurs véhicules iconiques, pour ensuite les combiner pour obtenir leur robot géant avant de faire appel à l’ultime attaque avec l’épée destructrice géante qui tue… Pendant que Tommy est le centre de toutes les attentions et le sauveur du monde, tout simplement parce qu’il est le Ranger vert. Pas de grandes surprises à prévoir dans ce Godzilla Vs. Mighty Morphin Power Ranger qui se feuillette cependant avec un vrai plaisir (et même pas coupable) de gosse. Certainement parce que si le script n’a rien de vraiment marquant, le travail visuel de Freddie Williams II (He-Man / Thundercats, Teenage Mutant Ninja Turtles Universe) vient constamment l’élever à un certain niveau de démesure, jouant habilement sur les contrastes d’échelles, soulignant le moindre effet de destructions, multipliant les bastons colossales et épiques sans jamais perdre une once de visibilité. Avec sa colorisation légèrement pastel et superbement ombrée, et un trait plus frénétique et énergique que la moyenne, il offre des planches particulièrement réjouissantes et spectaculaires. On était venu juste pour en prendre plein la tronche. Le pari est plutôt bien tenu.