GODZILLA IN HELL
Godzilla in Hell #1-5 – Etats-Unis – 2015
Genre : Fantastique
Scénaristes : James Stokoe, Bob Eggleton, Erick Freitas, Brandon Seifert, Dave Wachter
Illustrateurs : James Stokoe, Bob Eggleton, Buster Moody, Ibrahim Moustafa, Dave Wachter
Editeur : Vestron
Pages : 128 pages
Date de Sortie : 10 décembre 2021
LE PITCH
Que se passe-t-il lorsque GODZILLA meurt… et va en enfer ?!
Final Wars
Après Rage Against Time, Vestron poursuit son exploration des multiples publications inédites dédiées à l’immense Godzilla. Le premier suivait les destructions rageuses du colosse à travers les siècles, celui-ci suit sa lente et terrible traversée des enfers. Rien que ça.
Même s’ils n’ont pas toujours été des plus tendres avec le mythique et japonais Gojira (suffit de voir la plupart de leurs long-métrages), les Américains ont rapidement adopté la créature lui offrant des aventures pour les enfants en cartoon et de nombreuses itérations en comics. Autrefois chez Marvel, puis Dark Horse et plus récemment chez IDW, avec cependant pour ce dernier une véritable volonté de proposer des aventures éditoriales plutôt innovantes tout en restant extrêmement fidèle à la mythologie de la créature originale. Rage Against Time se dotait ainsi d’un sympathique aspect anthologique, mais le présent Godzilla in Hell pousse véritablement la logique plus loin en imaginant le chemin de croix vécu par la créature abattue pour la énième fois, mais déjà prête à s’offrir une résurrection pleine de fureur. Idée saugrenue sans doute, où de toute façon la partie scénaristique reste extrêmement simpliste, limitant les textes (heureusement) au minimum syndical ou les excluants plus directement, pour mieux laisser le lézard géant explorer un monde à la géographie des plus changeantes et aux dangers plus nombreux encore qu’à la surface.
Éternel retour
Découpé en cinq chapitres pour cinq fascicules, Godzilla in Hell s’ouvre ainsi sur un paysage dévasté où les cheminées de centrales nucléaires aux surface organiques cohabitent avec des nuages radioactifs constitués de nuées d’humains cadavériques avant de laisser place à un double mutant semblant se transformer en Biollante. Des planches délirantes servids par James Stokoe (Alien Perdition) qui laissent place aux tableaux bibliques de Bob Eggleton rejouant comme dans un éternel recommencement les batailles contre Rodan, Anguirus, Varan et King Guidorah. Avec Buster Moody et ses dessins presque cartoon, c’est au tour de Space Godzilla se s’ériger dans un Brésil en cendres, avant qu’une conscience supérieure, accompagnée de ses anges aux ailes de Mothra, invite notre cher Godzilla à se faire défenseur de la terre… ce qu’il refuse manifestement en crachant son feu destructeur. Orchestré par un impressionnant Ibrahim Moustafa (James Bond Origins, Savage Things) l’avant dernier chapitre est une autre déclaration d’amour aux belles heures du kaiju avec un match de catch contre ses deux pires ennemis, Destorayah et à nouveau King Guidorah, avant que leur alliance inespérée ouvre la dernière porte des enfers. Sous l’apparence d’une simple marche et d’une démonstration graphique des artistes, Godzilla in Hell rejoue véritablement la grande destinée et la trentaine de films (nippons SVP), affichant tour à tour une âme destructrice ou salvatrice, une présence monumentale ou des airs de costumes en latex rétros, jusqu’aux splendides dernières pages signées Dave Watcher (Teenage Mutant Ninja Turtles) et leur résurrection totalement apocalyptique.
Étrange voyage donc, dont les contours métaphysiques parfois un peu patauds se marient curieusement avec l’aura de Godzilla, mais qui reste traversé de visions détonantes et donne à l’album des airs d’artbook presque expérimental..