GODZILLA : GANGSTERS & GOLIATHS

Godzilla : Gangsters & Goliaths #1-5 – Etats-Unis – 2011
Genre : Catastrophe, Policier
Dessinateur : Alberto Ponticelli
Scénariste : John Layman
Nombre de pages : 128 pages
Éditeur : Vestron Comics
Date de sortie : 26 janvier 2024
LE PITCH
L’inspecteur Makoto Sato a pour mission de démanteler le syndicat du crime Takahashi. Les efforts de Sato lui valent un aller simple pour une escapade tropicale, gracieuseté de la pègre tokyoïte. L’endroit exotique ? L’ÎLE AUX MONSTRES ! Seul et menacé de mort par des gangsters et des monstres, Sato doit faire preuve d’intelligence pour survivre et demander l’aide d’amis peu ordinaires… ce qui entraînera un immense chaos à Tokyo !
Law & Disorder
Aussi imposant soit-il, dans l’espace ou dans la culture pop en générale, Godzilla est une force qui peut en définitive se mixer avec tout et n’importe quoi. Une icône qui sous la plume de John Layman devient l’arrière-plan dévastateur d’un polar tokyoïte. Un mariage culotté imaginé par le créateur de Tony Chu Detective Cannibale.
Godzilla n’est ainsi pas uniquement le héros de films catastrophe, mais a aussi parfois été l’acolyte d’épisodes cinématographiques, ou de dérivés, plus proches du récit d’aventure, de la comédie, du space opera, du film de guerre ou du grand mélodrame. On n’est alors pas tout à fait étonné de le retrouver dans les pages d’une mini-série qui s’efforce de croiser sa mythologie avec les codes du roman noir. Le monstre est bel et bien là, et s’ébat même durant le premier chapitre sur la fameuse île aux Monstres (popularisé à l’ère Showa) en compagnie d’autres géants tout aussi dangereux, mais il reste presque secondaire, s’effaçant devant le destin de l’inspecteur Makoto Sato. Un flic à la dur, incorruptible, violent, peu diplomate et qui aurait réussi à se mettre à dos sa famille (ses fils lui parlent à peine), sa hiérarchie et tout le clan Takahashi, bien décidé à lui faire la peau. Et c’est alors qu’il réussi à s’échapper sur l’île aux monstres que lui vient l’idée de prendre en otage les Elias, ces deux petites fées au chant capable d’apaiser les kaiju, afin d’utiliser la puissance de la grande Mothra dans sa guerre contre le crime.
King of Crime
Une fois encore John Layman croise allègrement un pseudo-réalisme avec le grotesque, fait glisser sa trame policière vers un fantastique outré, mais surtout insiste sur la part sombre de son personnage, prêt à tous les sacrifices pour aller au bout de sa mission. Des actions qui ne sont pas sans conséquences puisqu’en manipulant ainsi Mothra, il perturbe dangereusement l’ordre naturel et va attirer à nouveau Godzilla, suivi de Rodan, Kumonga ou Anguirus, sur les côtes japonaises. Alors seule une rédemption permise par ses fils et… Mechagodzilla, peuvent réparer les choses ! On ne peut ainsi que louer la manière dont le scénariste réussit constamment à relier les deux mondes, les deux genres, les deux types de récits, respectant aussi bien ses personnages que la licence de la Toho, préservant les aspects âpres d’une atmosphère de film de yakuza mais ne limitant jamais les phases de destructions du keiju-ega. Dessinateur sur les récentes séries d’Animal Man ou Soldat inconnu, le brésilien Alberto Ponticelli manie tout aussi bien la greffe visuellement. Appuyant ainsi ses contours d’un encrage très marqué, en accentuant légèrement son trait nerveux, en multipliant les cadrages resserrés, il peut alors laisser exploser son découpage lorsqu’un des colosses apparait dans la scène, apportant un sentiment de destruction épique à échelle grandiose. Indéniablement efficace.
Encore une belle réussite à ajouter à la période IDW de la licence Godzilla en comics, qui justement ne se contente jamais du décalque ou du fan-service, mais propose à chaque fois des projets uniques et originaux. On ne peut que remercier à nouveau Vestron de nous faire découvrir enfin toutes ces belles choses en France.