GEN WAR – LA GUERRE DES GÉNÉRATIONS T.1&2
France – 2013/2024
Genre : Comédie, Anticipation
Dessinateur : MO / CDM
Scénariste : MO / CDM
Nombre de pages : 56 et 56 pages
Éditeur : Fluide Glacial
Date de sortie : 02 mai 2024
LE PITCH
Apprès le grand cataclysme consécutif au retrait des trottinettes en libre-service, la guerre fait rage entre les jeunes et les vieux. Chacun défend son camp, chacun défend son âge.
Dans un futur où les geeks ont pris le pouvoir, des seniors tentent de survivre comme ils peuvent, entre les pièges tendus et les limites dues à leur âge avancé.
La vieillesse est l’avenir du jeune
A force de se zieuter en chien de faïence chacun de son coté de la rue, de se chamailler sur les choix musicaux les jours de fête foraine et de jouer la compétition du plus gonflant dans la queue du Leclerc, il fallait bien qu’un jour ça dérape. Le retrait des trottinettes en libre-service et c’est l’escalade : la guerre des vieux contre les djeuns était déclarée. Choisi bien ton camps camarade !
Hésitant toujours entre fin analyste des grand bouleversements sociétaux et politiques de notre époque, et roi du gag absurde MO / CDM (blaze d’ado qu’il doit parfois amèrement regretter aujourd’hui) avait déjà joué la carte de la guerre des générations dès 2013. Dans les pages de Geek War pour être précis. Un concept que la rédaction de Fluide Glacial l’a incité à reprendre, quitte justement à revenir à cette première mouture et revoir un peu sa copie. De 12 historiettes le premier album de Gen War est passé à 8, et surtout l’auteur en a profité pour revoir et alléger considérablement les dialogues, réorganiser les cases, en redessiner certaines et modifier pas mal les couleurs. Plus fluide (mais pas glacial), moins lourd, nettement plus efficace et certainement plus intergénérationnel (ironie) dans son propos. Un premier tome « special edition » accompagné cependant à la même date d’un second avec du contenu totalement inédit bien que prépublié dans Fluide Glacial (c’est subtil). Bref deux ouvrages conjoints enfin à même d’illustrer la fureur de cette bataille éternelle entre les amateurs de Michel Sardou et les fumeurs d’herbes accro au rap, entre ces papys qui boivent leur soupe et vont au lit à 18h et ces délinquants qui suintent le sébum et passent leur vie au MacDo… communément appelé le QG.
La menace du dentier
Dans un futur pseudo post-apocalyptique où les quadras et les quinquas ne sont plus que de rares cibles pour passer le temps, le quotidien est occupé par des missions hautement dangereuses en terre ennemies question d’anéantir cette menace qui pue des pieds : nettoyage sauvage des lieux de vie, coupure des câbles internet (mais zut « qu’est-ce qu’on va devenir sans Nagui ?!? » s’écrit Louloute), tentative d’infiltration avec t-shirt rose fluo et rollers aux pieds, lavage de cerveaux pour vieillissement éclair et bien entendu propagande sauvage avec tags incendiaires : « Le rap c’est nul ». Une guerre sans pitié, où sur la route les victimes tombées pour l’honneur, attirées par une radio qui joue du Jean Ferrat ou à cause d’une vessie capricieuse, ne se comptent plus. Et malheureusement la moindre tentative de cesser le feu peut capoter pour un mauvais débat Pain au chocolat / Chocolatine…
On reconnait une nouvelle fois l’humour bien barré de l’auteur de Cosmik Roger, Les Expériences secrètes du professeur Houfman ou du plus récent Tirez sur mon doigt Monsieur le Président, s’emparant de l’irrationnel ambiant pour le transformer en comédie BD plus délirante encore, à base de dialogues hilarants (« Lâche ta trottinette, ton shit et tes Doritos Motherfucker ! »), de refs et des clin d’œil à tire-larigot, de situations, il faut bien l’avouer, parfois bien poussives, mais qui font le plus souvent mouche.
Franchement drôle, un poil con, Gen War a aussi pour lui cette rare qualité que beaucoup de dessinateur humour n’ont pas : le talent. Son style caricatural, son très rond et animé et les formes grotesques de ses personnages n’empêchent jamais une vraie finesse dans les détails, une belle expressivité et des contours fluide et dynamiques du meilleur effet. De la bande dessinée de qualité… « Wesh, c’est carré » comme dirait le boutonneux.