G.I. JOE : SIERRA MUERTE
G.I. Joe : Sierra Muerte #1-3 – États-Unis – 2019
Genre : Guerre, Action
Scénariste : Michel Fiffe
Illustrateur : Michel Fiffe
Éditeur : Vestron
Pages : 96 pages
Date de Sortie : 22 juillet 2022
LE PITCH
Michel Fiffe il confronte les excentriques personnages de G.I. Joe et Cobra dans une histoire où se mêlent bataille sur la plage, chasse à l’homme dans les marais, vengeance, plan tordu et trahison, en illustrant avec son style unique le combat de l’unité d’élite de l’Amérique pour la vie, l’amour et l’honneur.
Mission suicide
Auteur de Panorama et surtout du détonnant Copra, Michel Fiffe a finalement fait tourner quelques têtes chez les éditeurs. Et c’est avec une logique assez imparable qu’IDW lui a tout simplement offert une quasi-carte blanche sur la licence G.I. Joe. Un défilé de personnages hauts en couleurs, de l’action explosive made in 80’s, du cliché en veux-tu en voilà. L’artiste ne pouvait rêver meilleur terrain de jeu.
Véritable autodidacte de la BD et grand habitué de l’autopublication, Michel Fiffe a été considérablement marqué par l’effervescence créatrice des comics des années 80, mais aussi par leur propension à une certaine caricature, à une surabondance de clichés en général largement galvanisée par la politique glorieuse des années Reagan. Une œuvre comme Copra croise donc l’anarchisme et la stylisation extrême d’un Frank Miller avec le divertissement raz-des-pâquerettes d’une BD de série misant tout sur des personnages iconiques ne vibrant que pour et par l’action. Une ironie constante, mâtiné d’une nostalgie sincère que l’on retrouve pleinement dans les trois chapitres que composent la mini-série Sierra Muerte. Une île parfois évoquée sur les cartes présentées par l’auteur historique Larry Hama mais qui ne fut finalement jamais exploré en BD ou en dessin animé, et que Fiffe transforme en dictature bananière d’Amérique centrale, devenue le terrain d’un affrontement dévastateur et direct entre les indécrottables forces des G.I Joe et de Cobra.
Collection complète
Quelques bâtiments, un bord de mer, une cabane en bois, une base futuriste dissimulée en dessous, les arrière-plans sont le plus souvent réduits à quelques lignes esquissées, un vague arrière-plan faisant ressortir les prouesses martiales et militaires de héros et vilains plus que jamais proches de leurs action figures. L’ultra stylisation de Fiffe, sa propension à dilater à l’extrême la moindre scène d’action, à exploser sans vergogne un gaufrier trop classique, fait de Sierra Muerte une gigantesque séquence d’action débridée, haletante, bourrine au possible à la fois volontairement ringarde et définitivement excitante qui n’est pas sans rappeler le récent film Suicide Squad. Si l’humour ne va jamais aussi loin que chez James Gunn, le comic joue constamment avec les codes de sa licence, frôlant la parodie dans des dialogues ridicules et des postures surdimensionnées, au milieu d’un défilé impressionnant de références et de personnages qui ne peut que ravir les fans de G.I. Joe et ceux qui regrettent d’avoir revendu leur collection de jouets à la brocante de Grésy sur Ivonne. Peut importe alors un scénario prétexte où une nouvelle arme de destruction massive le dispute à une énième tentative de rendre le Commander Cobra immortel (pour échapper à une bonne grippe), la force de Sierra Madre est de s’engouffrer avec générosité dans un univers à la profondeur dramatique et à la crédibilité d’une chambre mal rangée d’un gosse trop gâté par ses parents. De la grosse bagarre, du pur délire belliqueux, mais asséné avec style.