FURTIF

Stealth #1-6 – Etats-Unis – 2020
Genre : Super-héros
Scénariste : Mike Costa
Illustrateur : Nate Bellegarde
Éditeur : Delcourt
Pages : 144 pages
Date de Sortie : 02 juin 2021
LE PITCH
Pendant des décennies, le super-héros appelé Furtif a mené une guerre sans pitié contre le crime. Mais il a sans doute poussé un peu trop longtemps sa quête de justice. Seul le reporter Tony Barber sait que derrière le comportement imprudent de Furtif se cache un homme plus âgé qui se bat contre la maladie d’Alzheimer… Un homme qui n’est autre que son propre père.
Le dernier duel
Imaginé par Robert Kirkman et Marc Silvestri mais confié à deux poulains de l’équipe Skybound, Furtif est un nouveau genre de super-héros. Un genre vieux, limite atteint de démence.
C’est le propre du label Skybound de s’approcher, comme l’instigateur Invincible, du genre super-héros avec toujours un petit argument original dans la poche. Celui de Furtif c’est certainement l’âge de l’homme qui se cache sous l’armure de furtif, Daniel Barber, en activité depuis plus de quarante ans et qui montre de sérieux signes de fatigue. Surtout, le pauvre monsieur commence à perdre la mémoire, à mélanger les époques et à ne plus reconnaître les siens. Un effet provoqué par cette armure futuriste venu d’on ne sait où … ou les premiers signes inquiétants d’Alzheimer. Le comic a la bonne idée de ne jamais vraiment trancher, se permettant alors justement de questionner la durabilité des super-héros tout en étendant son point de vue plus sobrement sur la vieillesse et le regard des proches. Un récit particulièrement touchant, et lucide, sur ce brave homme qui refuse de baisser les bras et son fils qui croyait le connaître et découvre enfin son plus grand secret. Presque un drame intimiste, familial, mais qui grâce à ses atours purement comics déborde largement du cadre, s’envolant vers une version presque alternative du Dark Knight Returns de Frank Miller où le Batman grabataire s’offrait une ultime bataille contre le Joker.
Motor City
Ici la nemesis porte ici le nom de Main morte, sociopathe délirant à moitié défiguré usant de sa main pour extraire tous les péchés et secrets de ses victimes, et dont les origines sont bien entendu liées avec celles de Furtif. Se rejoue dès lors l’éternel affrontement des vieux ennemis – surtout que l’un confond ces évènements avec leur première rencontre – et l’illustration du chaos qu’ils provoquent dans une ville qui n’en demandait pas tant. Parce-qu’en plus de ménager un petit twist de science-fiction bien placé, d’incarner très efficacement un mythe classique de super-héros et d’en dessiner les contours vermeils, Furtif enrobe le tout dans une réflexion presque documentaire sur l’état actuelle de Detroit, frappée de plein fouets par la dernière crise économique, et transformée en partie en ville fantôme. Un script particulièrement ambitieux, trop dense peut-être parfois, mais qui est constamment mue par l’action proprement dîtes, n’offrant que très peu de temps morts à Barber pères et fils, ni au talentueux dessinateur Nate Bellegarde. Croisé sur Brit, spin-off d’Invincible, il prend clairement du galon ici, imposant un trait épais, particulièrement expressif et émotionnel, qui n’est pas sans rappeler dans ses contours celui de Tony Moore… le cocréateur de The Walking Dead avec Robert Kirkman. Un illustrateur comme il les aime en sommes, qui se montre ici aussi doué pour imposer la violence d’un comic de super-héros, que pour rattacher constamment les évènements à l’échelle humaine. Et le fait qu’il ait donné le trait de Danny Glover à son personnage principal ajoute un capitale sympathie supplémentaire.