FOOL NIGHT T.1
フールナイト – Japon – 2020
Genre : Science-Fiction
Scénariste : Kasumi Yasuda
Illustrateur : Kasumi Yasuda
Éditeur : Glénat
Pages : 228 pages
Date de Sortie : 04 mai 2022
LE PITCH
Depuis cent ans, un épais nuage empêche le soleil d’éclairer la Terre. La nuit et l’hiver se prolongèrent à jamais et la plupart des végétaux périrent. L’humanité plaça ses espoirs dans la technique de “transfloraison”, consistant à transformer un humain en plante. Bien évidemment, ces opérations sont limitées aux personnes en fin de vie, pour une raison éthique… mais lorsqu’une prime de dix millions de yens est accordée aux volontaires, certains n’hésitent pas à contourner les règles pour s’inscrire sur les listes. Toshiro est l’un d’entre eux : sans aucun avenir et fatigué de la vie, il va choisir de se transformer en plante. Mais cette opération va lui accorder des talents qu’il ne soupçonnait pas !
Nouvelle graine
Toujours en cours de publication au japon avec un troisième volume attendu sous peu, Fool Night est la nouvelle découverte de la revue Big Comic Superior (La Tour fantôme, Gigant, Sanctuary), toujours en quête de nouveaux univers et de nouveaux auteurs.
Voyage dans un futur proche ou finalement l’apocalypse attendue a pris un visage inattendu : depuis qu’un gigantesque nuage noir recouvre la terre, les plantes auraient totalement disparues si quelques scientifiques n’avaient pas trouvé un moyen d’en greffer les graines sur les humains. Une opération effectuée uniquement sur des mourants, leur octroyant deux ans de sursis et une belle fortune à dépenser comme paiement de l’oxygène qu’ils fourniront lorsqu’ils se seront transformés en fleur ou arbre. Une idée assez poétique mais qui prend souvent la forme intermédiaire d’hybride curieux, voir effrayant, prenant racine sur les trottoirs traversés par des passants qui n’y font même plus attention. Jeune mangaka dont c’est là la première œuvre notable, Kasumi Yasuda creuse ainsi lentement son décorum, prenant bien le temps de crédibiliser son postulat de base et de l’inscrire dans une réalité sociale amère et bien trop proche de nous. Un quotidien difficile où comme toujours les inégalités et le besoin d’argent multiplient les victimes. A l’instar du jeune Toshiro tiraillé entre journées difficiles à l’usine, études couteuses et médicaments sans remboursement à fournir à une mère psychotique, qui va trouver comme seule échappatoire d’accepter cet ultime sacrifice.
Sans soleil
Mais ce dernier va se découvrir alors la capacité de comprendre, voire de communiquer avec les sanctiflores (les transformés), devenant alors un atout pour ceux qui cherchent à reprendre contact avec leurs disparus. C’est là finalement que Fool Night rejoint le cadre plus classique du détective occulte, quêtant au-delà de la mort une trace de l’âme humaine. Dans le premier volume en question, il est ainsi question de retrouver le père disparu d’une jeune pianiste, qui a besoin d’exprimer sa colère et sa rancune face à lui pour les mauvais traitements qu’elle a subis. Avec son graphisme extrêmement délicat, son trait toujours fragile presque tremblotant sur les humains mais extrêmement précis sur la flore, Kasumi Yasuda installe un vrai dialogue entre les deux mondes et par là même permet à ses personnages d’explorer leur propre personnalité, leur propre nature. On voit clairement apparemment la futur structure épisodique à venir où chaque mission verra naitre ou s’achever un drame humain, reflet de la condition humaine. Classique certainement, mais Fool Night l’aborde déjà avec une grande douceur, un humanisme naturel et surtout beaucoup de poésie.
Un onirisme délicat qui offre un vrai contraste avec le futur dystopique et cruel qui avait été établi dans les premières pages. Une première œuvre teintée d’une très jolie personnalité.