FANG T.1 : CHASSEUSE DE DÉMONS
France, Etats-Unis – 2021
Genre : Fantastique, Action
Scénariste : Joe Kelly
Illustrateur : Niko Henrichon
Editeur : Les Humanoïdes associés
Pages : 64 pages
Date de Sortie : 13 octobre 2021
LE PITCH
Dans un monde où cohabitent humains et animaux doués de parole, Fang la renarde a fait de la chasse aux démons sa spécialité.
Qui est né loup ne sera jamais renard.
Certains pensent qu’ils portent malheur, d’autres qu’ils ne sont bons qu’à manger leurs excréments, mais Fang chasse les démons. Et c’est l’une des meilleures dans sa partie. Un premier tome en forme de découverte, somptueusement mis en image par Niko Henrichon.
Fang est donc petite, bavarde, maline et souvent assez mal vue, mais rapidement les plus réticents sont obligé de reconnaître ses immenses talents pour débusquer et éliminer les démons qui se cachent dans le royaume, toujours sous des traits humains. Un univers qui se réapproprie le folklore chinois, et qui fait cohabiter l’homme avec de nombreux animaux anthropomorphisés dans une période féodale incertaine mais particulièrement évocatrice. Profitant des guéguerres entre les différentes régions et espèces, des méfiances des uns envers les autres, les démons prennent dangereusement place, anéantissent les récoltes, accentuent la pauvreté faisant ainsi monter l’animosité au sein des communautés. Mais Fang va découvrir qu’un plan plus machiavélique encore se prépare. Un personnage immédiatement sympathique, hâbleur, pince-sans-rire dont la petite taille, l’intelligence et la rapidité tranche avec ses contemporains. Signature récurrente de nombreuses publications DC et surtout ré-inventeur de Deadpool dans les années 90/2000, Joe Kelly ne propose pas forcément ici sont récit le plus alambiqué et le plus original.
Où est le corbeau ?
La trame se suit aisément, essentiellement drivée par la personnalité du personnage principal et une action débordante, incessante, censée embarquer le lecteur dans l’univers de la BD, amener à la présentation de deux futurs acolytes (qui pourront par la suite étoffer un peu la narration) et préparer une ou deux petites révélations finales bien prévisibles sur la nature de l’héroïne. Classique dans les grandes lignes, Fang impressionne surtout par une nouvelle prestation envoûtante de Niko Henrichon. Un artiste qui avait donné corps il y a quelques années à la première version du Noé de de Darren Aronofsky et a un remarquable Pride of Baghad aux côtés de Brian K. Vaughan. Aujourd’hui dessinateur de la reprise des Méta-Baron par Jerry Frissen, il apporte à cette nouvelle série son style foisonnant, son sublime traitement en couleurs directes à l’aquarelle, mais se découvre aussi une nouvelle légèreté, un aspect crayonné plus prononcé qui sied à merveille à l’ambiance asiatique. Sans surprise, les décors reprennent certains équilibres des estampes et peintures traditionnelles, les compositions sont aussi percutantes que délicates, le découpage est on ne peut plus efficace, et les contours manga parfaitement assumés. Difficile alors de résister à la frimousse de cette petite guerrière, de ne pas se laisser emporter par la magie des illustrations, même si le dépaysement aurait pu être plus profond.