Elle est blonde, dotée de pouvoirs uniques mais cette fois-ci ce n’est pas elle la chasseuse de vampire. Thania est représentante pour une entreprise pharmaceutique et traverse les Etats-Unis de long en large, limitant ses rapports aux autres au minimum. Un quotidien des plus ternes, simplement rythmé par les visites à sa mère, patiente en maison de retraite. Sauf que ses nuits sont hantées par d’étranges rêves se déroulant dans un lointain passé, et qu’une organisation vient de lâcher à ses trousses un tueur de vampire. La subtilité est que Thania n’est pas véritablement une créature comme les autres puisqu’elle est une hybride, nosferatu ne nécessitant pas de se repaitre du sang humain et pouvant se promener en plein jour. Autre particularité, par suite d’une exécution très lointaine mais particulièrement barbare, des pans entiers de sa mémoire ont disparu. Une femme perdue à travers une identité fragmentée et qui va devoir reconquérir ses souvenir pour espérer s’en sortir, heureusement aidée par Marko, qui a finalement décidé de prendre sa défense.

Seconde vie

Le départ d’un « road movie » fantastique, entre traque et recherche de la « famille », tentative de meurtre musclée dans un hôpital et flashbacks éclairants, pour ce Exsangue qui drague finalement assez peu le décorum atmosphérique et gothique du genre, lui préférant les atours de la BD d’action, très pulp, et du thriller sombre mais romantique. Corbeyran assure le divertissement comme toujours, installe des personnages plutôt charismatiques et un background relativement intriguant, mais n’arrive pas vraiment à surprendre. Plus gênant, la personnalité même de l’héroïne, censée avoir été façonnée par quelques siècles d’existences et de drames (on a quelques aperçus de sa traversée de la Seconde Guerre Mondiale puis de sa vie durant les 50’s aux USA), ne semble pas avoir la maturité adéquate ou l’aspect torturé, blessé voir hanté qui devrait être sien. Le récit semble rester en surface, autant de son histoire que de ses protagonistes, et manque alors d’aspérité ou d’intensité.
Artiste encore inconnu chez nous, le brésilien Alex Shibao se montre très prometteur avec son trait semi-réaliste, ses lignes plutôt fines et son découpage parfaitement calibrée mais la colorisation numérique plutôt froide et grisâtre des scènes contemporaines (soit 80% de l’album), ajoutent à cette sensation d’atmosphère un peu terne et d’aventure rigide.

Premier tome de 70 pages d’un diptyque dont la conclusion est annoncée pour la fin de l’année, La Marque s’efforce pour l’instant de mettre en marche son grand drame fantastique et une confrontation que l’on imagine déjà sanglante entre l’église et une race qui semble au bord de l’extinction. Beaucoup de lourdes pressions sur les épaules de Thalia.