ELISABETH BATHORY
Espagne – 1998
Genre : Horreur
Scénariste : Raulo Caceres
Illustrateur : Raulo Caceres
Editeur : Tabou BD
Pages : 184 pages
Date de Sortie : 09 décembre 2021
LE PITCH
Depuis son XVIIe siècle, la comtesse Elisabeth Báthory vit au-delà de la morale. Vampire, elle a survécu à la mort pour cueillir les fruits de la vie et jouir dans la nuit. Notre-Dame des Tombeaux ne connaît que l’orgie, le sang ou le sexe. Voleuse de sperme, dévoreuse de chair, cet éternel féminin traque aujourd’hui un mystérieux cercueil maudit. Mais des chasseurs de vampires en sont eux aussi en quête…
Immortelle perverse
Aujourd’hui illustrateur consacré, célébré autant pour ses œuvres perverses (Les Saintes eaux, Légendes perverses) que pour ses exactions terriblement gores sur la série Crossed, Raulo Caceres est entré par la grande porte avec sa première création Elisabeth Bathory, résurrection foutraque et extrême de la célèbre baronne vampire.
Prépublié à la fin des années 90 dans les pages de Wetcomix avant d’être repris quelques années plus tard par les Américains d’Eros Comix, Elisabeth Bahory était resté inédit en France jusque-là. Pourtant elle reste l’une des publications préférées des vrais amateurs de Raulo Caceres. Ceux qui ne se satisfont pas de ses apparitions mainstream du côté d’Avatar Press. Une première publication professionnelle où il est encore évident que l’artiste se construit, ses formes restant bien souvent incertaines dans la première moitié de l’album, ses compositions de planches pas toujours aussi claires et évidentes qu’aujourd’hui, et lui-même reconnaît que ses textes, rentre-dedans, sont encore maladroit. Profitant d’une vraie parution, le jeune artiste s’efforce d’imposer son style, et le fait clairement passer en force. Dans des masses de noirs à l’encre huileuse, le premier chapitre s’ouvre sur la créature vampire impudique se repaissant avec son apprentie de la cervelle d’un cadavre fraîchement déterré. Un gigantesque adze (vampire du Ghana) approche et entreprend de partager du bon temps avec les deux, s’empressant dans l’extase de s’arracher la peau et celle de sa partenaire dans un flot de sang et de secrétions. Au gré des pages, les personnages de la BD passent finalement autant de temps à s’envoyer en l’air dans des orgies gonzo, dans des viols brutaux et des explorations ô combien improbables d’orifices béants, qu’à écharper copieusement les pauvres humains qui passent ou les ennemis du moment.
L’estomac solide
Ultra porno, ultra gore, le Elisabeth Bathory de Raulo Caceres sodomise jusqu’au coude le mythe vampirique et cumule une imagerie Nekromantik réservée aux âmes insensibles à un humour noir, très noir, ne s’offusquant pas pour un soupçon de mauvais goûts. Dans ce tableau furieusement baroque, sorte de production Hammer X conçue par un vidéaste allemand, Raulo Caceres aurait pu se contenter de bazarder un à un ses fantasmes les plus honteux, mais il s’efforce aussi d’y construire un univers macabre grand-guignolesque lancé dans une course au corbillard maudit, presque aussi déjantée qu’un What’s New Pussycat ? Le but ? Entamer une messe noire qui permettra de dévorer la lune et renverser le pouvoir dans le monde vampirique. Pas sûr que le lecteur s’y intéresse tant cela est décousu, mais les différents camps qui s’affrontent (chasseurs de vampires, loups-garous, morts-vivants en tous genres…), tous pervers cela va de soi, ne manquent pas d’occasion de s’étriper et de copuler, et surtout l’artiste en profite pour explorer un folklore particulièrement riche. Aimant déjà à plonger dans les mythes païens et les vieilles légendes, il y extirpe un défilé varié et réjouissants de variations vampiriques récupérées dans les différents recoins de l’Europe de l’Est, mais aussi de méditerranée, d’Asie, d’Afrique ou d’Amérique. Des airs d’encyclopédie noire pour un Elisabeth Bathory qui bien entendu n’oublie pas en cours de route sa petite évocation des origines de la célèbre, et vorace vampire, avec au passage un petit hommage bien senti au Comtesse Dracula avec Ingrid Pitt. Le sperme et la tripaille en sus. « Il m’en reste un peu j’vous l’met quand même ? »