« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » comme disait (plus ou moins) Lavoisier et cet Eden Corp le met en pratique. Une idée qui provient ainsi d’un lointain projet de long métrage cinéma imaginé il y a plus de dix ans par Alain Bismut et le réalisateur Abel Ferry (Vertige, Le Saut du diable…). Un récit de science-fiction qui comme beaucoup malheureusement n’a pas réussi a trouver échos chez les producteurs français et aurait dû donc retomber dans l’oubli. Mais voici une réinterprétation du scénario original transformé pour un media beaucoup moins exigeant budgétairement, qui nous permet de profiter d’un pitch plutôt malin et aux développements plutôt intéressant. L’histoire donc d’un couple et de leur fille, faisant partie des survivants d’une planète épuisée, frappée par la surpopulation, la pollution, l’effondrement de la biodiversité, espérant comme beaucoup être tiré au sort pour enfin embarquer en direction de la planète Eden, jumelle lointaine de la terre. Le ticket gagnant ne tombe pas loin ? Pas grave, Gabe choisit de prendre la place de la famille gagnante. Mais ce voyage tant attendu ne va pas être de tout repos : cryogénisés, tous trois se réveillent, éjectés de leurs capsules juste avant que leurs 10000 voisin ne soient gazés et éjectés sur la Lune. Un accident, vraiment ? A eux trois alors de découvrir la vérité, en explorant les couloirs du vaisseau, rapidement poursuivis par les drones de sécurités, les agents de commandement de l’entreprise Eden Corp et même les autres colons en devenir.

En quête du paradis

Scénariste chez Marvel (Fantastic Four, Captain Marvel) ou sur Aliens vs Predator, Christopher Sebela concocte un récit très efficace et plutôt prenant qui place ses trois personnages dans une situations aussi difficile que moralement intenable. Un peu bavard peut-être et somme toute assez démonstratif, Eden Corp préfère jouer la carte du thriller en apesanteur plutôt que de la série B plus musclée, mais vient régulièrement poser les bonnes questions (que serions-nous prêts à faire pour sauver notre peau et celle de notre famille ?) et décrire un monde futur dont le système destructeur est bel et bien déjà en place aujourd’hui. Ce sont bien entendu Gab, Morgane et Kali, trio proche mais aux caractères et points de vue très différents qui font le sel de l’aventure, survivants de l’extrême mais capables de véritables débats sur leurs avenirs et le coût à payer. Si l’opportunité de voir Eden Corp sur grand écran reste plutôt alléchante, elle nous aurait cependant privé du travail de l’illustrateur britannique Marc Laming (Planet Hulk, Star Trek Boldly Go, Flash Gordon…) très convaincant dans le réalisme de ses designs futuristes, dans la construction de la base spatiale et le dynamisme de son découpage, offrant clairement une prestation Space Opera bien au-delà de ce qu’aurait pu nous proposer un film de genre français.