Pas tout à fait des débutants mais presque, en tout cas un duo de créateurs qui n’avait pas encore été marqué par un véritable succès, Mitsuchiyomaru et Yuki Satô, imaginent donc une terrible épidémie de « momification » qui frapperait le Japon. Des hommes et des femmes se transformant en cadavres ambulants, sans que leurs proches ne s’en rendent véritablement compte avant que leurs corps ne s’écroulent. C’est Seita, doté de certains pouvoirs psychique (dont celui de voir les fantômes) qui se rend compte que la mère de son ami Hayato est sans doute touchée par ce mal. Après une interaction violente avec l’esprit à la source de tout, Hayato se retrouve affublé d’un troisième œil très mobile, lui conférant les pouvoir de son camarade… mais aussi la présence astrale de ce dernier, évacué de son propre corps par une force démoniaque. Il sera donc dès lors bien question de s’efforcer de le récupérer au plus vite (mais ce n’est pas gagné…) mais aussi de découvrir l’origine de ces évènements surnaturels de plus en plus nombreux et inquiétants.

Amitié fusionnelle

Eclipse humaine impose un premier tome sur les chapeaux de roue, plongeant immédiatement le lecteur dans une ambiance morbide et une succession de petites révélations aussi dramatiques que sanglantes qui installent très efficacement les enjeux à venir, mais aussi et surtout la relation amicale et symbiotique entre les jeunes garçons. On découvre ainsi que chacun a déjà eu un parcours de vie des plus compliqués avec l’un plus ou moins abandonné par sa famille, lui préférant une sœur aux pouvoir plus lucratif, et le second élevé par une mère alcoolique et violente. Deux solitaires, souvent rejetés par les autres, qui s’allient ici face au monde et au dangers mystiques qui semblent sourdre autour d’eux. Le manga travaille alors constamment un joli équilibre entre le drame quasi social, le pur récit d’horreur et une efficacité toute shonen. Une histoire qui ne manque pas de surprises (dont l’arrivée de cette adolescente qui a l’air aussi délurée que la Momo de Dadadan), des personnages particulièrement sympathiques et un petit pitch fantastique bien trouvé donnent un bon élan à cette nouvelle série. Tout comme d’ailleurs les planches de Yuki Satô, bien brossées, aux contours déjà maitrisés, au trait bien ferme et au découpage des plus efficace, où là encore la tonalité et la mise en page peuvent passer d’une certaine jovialité à des passages beaucoup plus angoissants et sombres… avec quelques détails bien gore en prime et des « zombies asséchés » typiques de quelques souvenirs de J-Horror.

Bonne surprise que ces premiers chapitres d’Eclipse humaine (quel curieux titre français) qui prend les paris souvent casse-gueule du grand mélange des genres, mais sans jamais oublier que le plus important dans une bonne histoire reste l’affect que le lecteur peut avoir pour ses personnages. Fragiles, un peu paumés, mais plein de bons sentiments et d’une camaraderie sincère Seita et Hayato sont véritablement le sel de ce manga, dont on attend, intrigué, la suite prévue pour janvier prochain.