ÉCLIPSE HUMAINE T.2
人類蝕 – Japon – 2023
Genre : Fantastique
Dessinateur : Yuki Satô
Scénariste : Mitsuchiyomaru
Nombre de pages : 224 pages
Éditeur : Glénat
Date de sortie : 8 janvier 2024
LE PITCH
Rena se retrouve piégée par un harceleur qui la poursuivait. Hayato, ayant pressenti quelque chose, part à son secours… Plus tard, le mystérieux policier aux cheveux noirs lui rend visite et ils élaborent un plan pour récupérer le corps de Seita. Mais cet homme aurait-il des intentions cachées ?
Esprits troublés
Seulement deux petits mois après un premier tome intriguant voici la suite d’Eclipse Humaine, curieux thriller ésotérique peuplé d’âmes mauvaises, de zombies momifiés, de shamanes shintos et de gamins bien trop débrouillards (et meurtris) pour leur âge. Et comme dirait l’autre : le mystère s’épaissit.Échappé des publications en ligne de Shonen Jump +, Eclipse Humaine fait partie de cette nouvelle vague de mangas moins facilement identifiables, mois aisément cernables, mariant les genres et les approches, et rendant par la même une simple prépublication dans le magazine papier hasardeux. Sur le net cependant, ce type de propositions y trouve aisément sa place, cultivant certains codes du fameux shonen (l’âge des héros, un certain humour, l’importance de la camaraderie…) avec de nombreuses notions plus complexes et une atmosphère particulièrement lourde et inquiétante. Le manga de Mitsuchiyomaru et Yuki Satô ne s’arrête d’ailleurs pas en si bon chemin, puisqu’après avoir installé dans la deuxième partie du premier tome une situation aussi incongrue qu’accrocheuse avec un pauvre Seita enfermé dans le corps de Hayato, visible sous la forme d’un œil sur le front ou la main de son camarade, une grande partie de ce second volume se concentre sur la manière dont les deux jeunes gens vont réussir à récupèrer le corps volé depuis par un mauvais esprit.
Les yeux dans la poche
Ce qui pouvait s’avérer un argument scénaristique pérenne est ainsi assez rapidement balayé de la main, mais au profit d’un noyaux de personnage qui s’étend considérablement. On avait déjà rencontré Rena, la sœur « adoptive » d’Hayato, adolescente au caractère bien trempée, ici menacée par un pervers, il faudra désormais y ajouter un assassin repenti, collaborant avec la police et nos jeunes héros, mais ne cachant pas toujours ses petites pulsions morbides et sa fascination pour le mauvais goût. Même l’amie d’école Kaori reprend du poil de la bête et surtout la sœur de Seita, grande prêtresse malgré elle, s’inscrit enfin pleinement dans l’histoire et affirme des pouvoirs qui vont devenir sans doute prépondérants par la suite. Et l’origine de ces fameux « momifiés » ? Si la source du problème n’est toujours pas identifiée et que les nouvelles victimes se multiplient, Mitsuchiyomaru sait faire monter son background en puissance et distille l’idée d’un danger bien plus tentaculaire qu’on ne pouvait l’imaginer. Pas de changement cependant du côté des planches signées Yuki Satô toujours aussi effaces, à la fois délicates et bien démonstratives dans leurs aspects les plus baroques. Une narration bien efficace et expressive appuie le tout.
Si ce second volume peut paraitre plus fragmenté et éclaté que le premier, entièrement dévoué à l’installation de son duo de héros, il multiplie cependant agréablement les (bonnes) surprises, les changements de voie et les idées certes parfois un peu bordéliques, mais finalement assez intrigantes.