DUST : LONDON FALLING
Etats-Unis – 2023
Genre : Fantastique, Guerre
Dessinateur : David Fabbri
Scénariste : Chris Lites
Nombre de pages : 128 pages
Éditeur : Editions Blueman
Date de sortie : 26 novembre 2024
LE PITCH
1947, Londres est occupée. Dans les immeubles éventrés, les enfants se battent contre des rats pour glaner des restes de nourriture. Dans le palais de Buckingham, l’élite allemande dîne dans la vaisselle de la Reine.
Opération : N’shaghaa Naf Nodens
Aux côtés du premier album estampillé Zombicide, on trouve aussi aux Éditions Blueman une autre adaptation en comic d’un jeu de plateau : Dust. Un univers travaillé depuis 2007 par l’illustrateur Paolo Parente dans lequel l’Allemagne nazi n’est pas loin de remporter la bataille grâce à l’utilisation d’artefacts magiques. Un classique du genre, mêlant action et stratégie, que l’on peut désormais (re) découvrir via un album intitulé London Falling.
Illustrateur pour de nombreux jeux de société et jeu de cartes (en particulier Magic), Paolo Parente a donc lancé au mitan des années 2000 sa propre création, profitant de ses nombreux dessins, designs et inspirations pour délivrer des centaines de figurines (entre les tanks, les bombardiers, les sous-marins) des cartes à foison et de nombreuses subtilités dans un livre de règle offrant une option en mode rapide et surtout un bon contenu dans un mode stratégie bien épais et prenant. Un système de points de victoire à récolter, des cartes à utiliser à bon escient pour prendre le pas sur le rythme de jeu, des déplacements à murir intelligemment, le principe est solide mais ce qui a immédiatement attiré l’œil des amateurs, c’est certainement son contexte uchronique, soit une Second Guerre Mondiale dans laquelle l’Allemagne se dirigerait vers une victoire sans appel. Les nations tombent les unes après les autres et même l’Angleterre se fait envahir. C’est que le conflit a été complexifié par l’apparition d’artefacts dévastateurs venus de civilisations extraterrestres, incluant dès lors quelques forces magiques, des hordes de zombies ou autres monstres oubliés et une accélération technologique à base de méchas rudimentaires et de rocketmen pourfendant le ciel.
La stratégie du tank
Pour se faire une bonne idée de l’esprit totalement pulp de Dust, rien de mieux en effet que d’engager la lecture de la BD en présence dans laquelle une poche de militaires résistants tente de repousser les nazis dans une capitale londonienne en ruine. Dans ce décor dévasté, une course-poursuite va s’engager entre le groupe dirigé par la Major Washington et les troupes spéciales du scientifique Doktor Kilne pour l’obtention de L’Anneau de Silvanius à même d’invoquer sur terre l’un des grands anciens et assurer définitivement la victoire au Reich. Entre Hellboy et Iron Sky avec une petite dose de péripéties à la Indiana Jones, le scénario de London Falling rejoue des mélodies bien connues mais, pas bête, mise surtout l’action sur l’action, les échauffourées au sol, dans le ciel ou dans des égouts peuplés de morts-vivants, se contentent de brosser rapidement les personnages et leurs relations avant de les balancer sur le ring. Pas très original, mais efficace et énergique, ce Dust donne surtout l’occasion à l’illustrateur italien Davide Fabbri de rappeler l’élégance de son trait, au réalisme presque doux mais toujours assez fouillé. Une patte qui avait laissée une belle marque sur de nombreuses séries dérivées Star Wars (Infinities, Empire, Agent of the Empire…), mais que l’on avait déjà pu observer dans un contexte équivalent avec la beaucoup plus sérieuse et historique série des Opération Overlord chez Glénat. Ici le découpage se fait bien entendu nettement plus dynamique, joue joyeusement avec les rases-mottes des hommes volants, les jaillissements des ennemis voraces ou le gigantisme d’un dieu Lovecraftien.
Fun donc, ce premier tome de Dust donne une très bonne impression de l’atmosphère du jeu mais peu aussi tout à fait se lire comme une BD indépendante, un one shot bourré d’action et de boches machiavéliques.