DUR-AN-KI
ドゥルアンキ – Japon – 2019 / 2021
Genre : Fantastique
Scénariste : Kentaro Miura
Illustrateur : Studio Gaga
Éditeur : Glénat
Pages : 260 pages
Date de Sortie : 06 juillet 2022
LE PITCH
Parallèlement à Berserk, Kentaro Miura s’était lancé dans un nouveau projet : créer un nouvel univers fantasy, qui serait dessiné par les artistes qui l’assistent au quotidien, à savoir le studio Gaga. C’est ainsi qu’est né Dur-an-ki, racontant les aventures trépidantes de Usumgall, mi-dieu et mi-humain, mi-homme et mi-femme qui grandit et chasse aux côtés de ses amis humains.
Tombé du ciel
Figure incontournable et créateur de la saga culte Berzerk, Kentaro Miura n’a pas laissé que cette série inachevée. Amorcée depuis quelques mois seulement et produit par le Studio Gaga, Dur-An-Ki offrait un univers moins guerrier que sa création phare et une visite étonnante dans le monde de la mythologie antique.
Très occupé par sa série Berserk entamée depuis 1989 tout de même, Kentaro Miura était certes moins présent sur la production de Dur-An-Ki, qu’il préféra confier à son équipe d’élèves et d’assistants, le Studio Gaga, lui se contentant de fournir le pitch de départ des épisodes et la ligne directrice, quelques designs, et supervisant le tout comme un mentor concerné. Devant habituellement reprendre directement son trait, finir les lignes, achever les décors et placer les trames du manga phare, les membres du Studio Gaga n’ont ici aucun mal à reproduire à la perfection son style graphique ultra fouillé, précis, plein et au réalisme troublant, et à retrouver le découpage impeccable de ses planches pourtant de plus chargées. Une petite merveille visuelle qui plonge dans un monde lointain où les mythologies d’autrefois auraient toute leur place, confirmant d’ailleurs l’intérêt de Miura pour le contexte antique après le one-shot Gigantomachi publié en 2013. Usumgall, le jeune héros du manga est ainsi l’enfant hermaphrodite de deux déités anciennes, confié à un couple de brave gens vivant en haut d’un mont interdit aux hommes, directement à l’abri de l’ombre d’une arche gigantesque oubliée. Faunes, nymphes, esprits de la forêt, esprits animistes et même un manticore affamé habitent cette aventure initiatique qui suit la confrontation de cet enfant délicat, courageux, curieux, parlant avec l’invisible et créant des machines incroyables avec le monde des hommes.
Génèses
Tout d’abord par le biais d’une bande de garçons plutôt sympathiques qui chassent dans la forêt avoisinante, puis avec leur village où déjà pèse le souvenir des massacres de la guerre. L’innocence remise en question bien entendu, mais aussi la nature même d’Usumgall dont l’appartenance non définie à un genre et le regard que les autres peuvent porter sur lui, et en particulier l’émoi que sa beauté pure provoque, teinte le récit d’une modernité pertinente. Malheureusement le récit s’achève au bout de cinq chapitres, l’équipe et les éditeurs de la revue Young Anima Zero préférant arrêter la publication après le décès de l’artiste, laissant le lecteur dans l’expectative quant à l’orientation qu’aurait pu avoir le titre par la suite.
Il est cependant possible de retourner aux origines de Dur-An-Ki puisque la présente édition propose une centaine de pages supplémentaires consacrées au projet Amazones. Une première version du manga en présence où l’on reconnait le jeune héros androgyne, la présence d’inventions anachroniques et l’omniprésence mythologique, mais qui s’axait à la fois sur un départ plus classique de Isekai (un adolescent est projeté dans un monde de Fantasy), une orientation déjà bien plus guerrière, épique voir stratégique et la présence attendue de superbes combattantes prêtes à prendre leur place dans la Guerre de Troie. Le cahier est ainsi composé du scénario écris et quasi complet des cinq premiers épisodes et des lignes directrices des secondes et troisièmes parties de la fresque, le tout agrémenté de nombreux croquis et illustrations préparatoire à tomber. Un sacré trésor pour les amoureux de l’œuvre de Kentaro Miura.