DRAGON QUEST : THE ADVENTURE OF DAI T.1&2
ドラゴンクエスト-ダイの大冒険 – Japon – 1989/1990
Genre : Fantasy, Aventure
Scénariste : Riku Sanjo
Illustrateur : Koji Inada
Editeur : Tonkam
Pages : 672 pages
Date de Sortie : 02 mars 2022
LE PITCH
Depuis la fin de la guerre contre le Roi du Mal, les monstres vivent en harmonie sur l’île de Derumurin. Seul humain parmi eux, Dai, un jeune orphelin, rêve de devenir un grand héros tandis que son “grand-père” le destine à la carrière de mage. Pourtant, un jour tout bascule ! Les monstres semblent devenir fous, les cieux s’assombrissent. Autant de signes qui ne trompent pas : Le Roi du Mal serait-il de retour ?
La grande aventure
Déjà (mal) traduit en 1996 par J’ai Lu sous le titre made in Club Dorothée de Fly avant d’être repris avec bien plus de soins en 2007 par Tonkam, le premier manga dérivé de Dragon Quest, le grand classique The Adventure of Dai s’offre une troisième édition, toujours très attendue : 22 volumes contre 37 à l’origine et enfin l’apparition des quelques pages peintes en couleurs ou en bichromie. L’écrin définitif ?
Et un tel traitement de faveur ne s’explique pas uniquement par la nostalgie qui peut exister autour de ce titre. Publié pour la première fois en 1989 au Japon dans la revue V Jump, alors que la première trilogie Dragon Quest sur console vient de s’achever. Une licence déjà monstrueuse alors, battant à plate couture le concurrent Final Fantasy, et dont Dai no Daibōken est la première variation autre que vidéoludique. L’originalité première de ce manga est pourtant de ne pas se confronter à l’une des histoires déjà connues des fans, ni de préparer l’arrivée du futur, et révolutionnaire, Dragon Quest IV L’épopée des élus, mais bien de proposer une aventure totalement inédite. Il y est question d’une première confrontation lointaine avec le Seigneur du mal et d’une première génération de héros, disparus ou devenus depuis mentor et formateurs, mais le récit se concentre sur une jeune génération de héros : le magicien pleutre Pop, l’aventurière Maam et bien entendu le très jeune, mais prodigue au grand cœur, Daï. Progressivement rejoints par une très longue liste d’alliés, ils vont constamment refléter les valeurs centrales de la série que sont le courage, la bonté et bien entendu l’amitié. Des personnages classiques certes, mais qui vont durablement grandir et murir au fil des nombreux épisodes, à l’instar de Pop qui réussira justement à dépasser sa couardise pour se révéler un sorcier hors-pair.
« Ce secret c’est l’amitiééééé »
Du pur Shonen, assumé et constamment premier degré, mais qui profite d’une jolie écriture pour les personnages, autant que d’une structure narrative particulièrement rodée, rythmée, où les épisodes s’enchainent avec naturel et sans une once de remplissage. Riku Sanjo livre un scénario classique, mais avec toute la noblesse que peut comporter ce terme : de grands élans héroïques, de grands sentiments, de grandes valeurs, et une authentique montée en puissance digne des odyssées d’autrefois. Tout cela bien entendu parfaitement incarné dans l’univers des Dragon Quest. Outre la mythologie en toile de fond, c’est surtout l’utilisation admirable du célèbre bestiaire qui séduit d’emblée, tout autant que des spécificités du RPG nippon. Sans plaquer des stats dans chaque page, le lecteur reconnait les techniques de combats ou magies utilisées, les différentes armes et artefacts, et surtout a constamment l’impression de ressentir les différentes montées de niveau après chaque victoire, le plus souvent ardument arrachées. Une vraie déclaration d’amour à un genre alors presque naissant, absolument sublimé par le dessinateur Koji Inada. Ancien assistant d’Akira Toryama, justement designer de la saga de jeu vidéo, il n’en préserve pourtant qu’une certaine abstraction, quelques notions de dynamisme, apportant surtout une rondeur particulièrement charmante à ses personnages, une ligne simple mais particulièrement expressive. Les personnages en sont plus attachants encore, l’univers plus foisonnant, et les nombreuses batailles, épiques, tendues et spectaculaires, on ne peut plus captivantes.
Un superbe manga, presque modeste malgré sa forte licence, qui reste aujourd’hui encore un vrai dépaysement, une grande aventure enthousiasmante, intemporelle.