DONJON PARADE T.7&8
Le Sirop des costauds & L’Hostellerie des impôts – France – 2025
Genre : Comédie, Fantasy
Dessinateur : Erwann Surcouf, Tebo
Scénariste : Joann Sfar, Lewis Tronheim
Nombre de pages : 32 et 32
Éditeur : Delcourt
Date de sortie : 15 janvier 2025
LE PITCH
Marvin, employé modèle du donjon, s’ennuie car personne n’atteint sa haute salle. Un jour des aventuriers dopés au « sirop des costauds » brutalisent les employés et parviennent jusqu’à lui. Marvin et Herbert, énervés, partent en quête du vendeur de cette étrange potion. Parapharmassor, le marchand gringalet, refuse de se laisser faire. Herbert aussi, quitte à avaler ce mélange aux effets… douteux.
Le Donjon n’a jamais eu à payer impôts, jusqu’au jour où les pourvoyeurs executaires viennent réclamer leur dû. Seulement, lorsque Kadmion part chercher les documents nécessaires à l’estimation de la taxe, tout a disparu : et avec les comptes… sa future fiancée ! De son côté, Herbert part à la recherche du voleur et se fait envoûter par la fiancée de Kadmion ! Mariage en vue ou grosse escroquerie ?
Les Deux tours…
C’est enfin le grand retour de la parade, ce petit défilé d’albums indépendants venant nous conter moult nouvelles péripéties de nos braves Herbert et Marvin, grands défensuers du fameux Donjon. Il y est question d’une potion qui offre une force herculéenne, d’impôts qui rendent fou, et le tout est comme il se doit imaginé par Joann Sfar et Lews Tronheim. Et les deux excellents dessinateurs invités sont Erwann Surcouf et Tebo. Ça serait bête de manquer ça.
Alors certes, on ne cachera pas que l’univers foisonnant de Donjon avec ses multiples époques, ses multiples séries et sa tonne de héros tous bien frappés, ça peut faire un peu peur quand on y met les pieds la première fois. C’est le cas certainement de prime abord avec la branche Donjon Parade vouée à rajouter quelques histoires supplémentaires entre le premier et le second tome de la série principale Donjon Zenith, en mettant encore plus l’accent sur l’humour et l’improbable. Mais en définitive, en dehors de la petite galerie de portraits qui ornent la quatrième de couverture, il n’y a pas grand-chose à savoir avant d’ouvrir les albums.
Deux pour le prix de deux en ce bon mois de janvier, avec pour débuter les hostilités un certain Sirop des costauds qui vient mettre à mal la défense du trésor du donjon. Le Gardien est furax, Herbert et Marvin désemparés et partent en quête du vil alchimiste qui a eu l’idée de concocter ce produit qui ruine totalement le commerce. Le problème c’est que tout le monde ou presque en consomme, que les voleurs sont légion… A l’instar du vendeur justement qui à piqué la recette à un sorcier qui, lui, rêve de conquérir le monde en contrôlant le cerveau de ses victimes. De la castagne, des situations improbables, des personnages farfelus, mais pour une fois Marvin, le gringalet, n’a pas besoin de son épée magique pour mettre des torgnoles à tout le monde.
… De passe-passe
Sfar et Tronheim manient leur univers de mains de maitre, accumulent les dialogues et les situations hilarantes et offrent à l’excellent Tebo (on ne s’est toujours pas remis de son Qui est ce Schtroumpf ?) le théâtrale idéal pour faire éclater comme toujours son sens du timing, de la déformation, cette impression de mouvements de dessins animé et une coloration tranchée héritée du grand Morris. Toujours amusant d’ailleurs de voir comment le défilé d’artistes plus ou moins récurrents des Donjon se plie toujours admirablement au codes « simplistes » et enfantins de ses créateurs, tout en y apportant leur propre personnalité. Dans L’Hostellerie des impôts c’est ainsi au tour de Erwann Surcouf (Mars Horizon, Axolot…) de mettre en image les délires de ses camarades. Peut-être plus proche de Sfar dans le trait, mais toujours aussi éloquent et charmant, il s’attache à une nouvelle course-poursuite incluant cette fois-ci quelques inspecteurs des impôts et des livres de comptes que le Gardien préfèrerait ne pas voir arriver jusqu’au siège de l’organisation. Et comme l’une de ces enquêteurs possède un médaillon capable de faire tomber tout le monde amoureux d’elle, la situation se complique rapidement, entre quiproquos, morts impossibles et grand démons échappés des enfers… Ce dernier n’appréciant pas vraiment non plus d’avoir reçu une feuille d’imposition. Toute ressemblance avec des faits réels (les impôts, pas les démons) étant totalement due au hasard bien entendu. Un petit régal comme toujours.
Deux nouvelles fournées de Donjon Parade qui tiennent comme à chaque fois toutes leurs promesses. C’est barré à souhait, souvent hilarant, doté d’une poésie décalée irrésistible et la courte pagination (30 pages et c’est fini) assure des récits aussi resserrés qu’un épisode d’une série d’animation. Bonne nouvelles, l’année 2025 devrait voir la publication de quatre autres tomes dans les mois à venir.