Retour donc à nouveau à la plus belle époque de ce fameux donjon, dit Donjon Zenith, où les héros de tous bois tentaient encore de venir piller les trésors de la demeure, au mépris du danger, des pièges, des monstres et de la magie noire qui l’habitent. Et Herbert bien entendu, pas très doué pour la bagarre mais il a une épée magique, toujours acoquiné avec Marvin, bien plus fort à la castagne… mais pour le moment ils sont occupés. Ainsi dans Necromancien pour de faux ils ont été envoyés par Horous, le vrai nécromancien, à un colloque palpitant sur les avancées de la magie noire où Herbert doit se faire passer pour lui. Mauvaise idée puisque trop occuper à picoler, à jouer les mages de standing et à dragouiller une jolie loutre, il provoque catastrophe sur catastrophe… et un duel mortel par la même occasion. Une nouvelle aventure bien loufoque au programme où une conférence mal préparée peut ouvrir sur une porte donnant sur une autre dimension (façon From Beyond) et où un simple cocktail avalé négligemment recouvre le corps de multiples yeux. Rythme enlevé, situations improbables et joyeux chaos s’échappent de l’imagination toujours fertiles des papas Sfar et Trondheim, et trouvent un excellent orchestrateur en la personne de Delaf. L’auteur des aventures adolescentes Les Nombrils et surtout le repreneur doué de Gaston Lagaf, qui se glisse à merveille dans l’univers bigarré et foutraque de Donjon, légèrement naïf et au second degré imparable, tout en y apportant son sens du rythme et du gag bien placé.

Rikiki

Une excellente cuvée à laquelle Micro-héros à la lourde tache de succéder. Une aventure somme toute un peu plus classique qui s’amuse à réduire la taille de notre duo de héros, devenus plus petits que des fourmis après un petit accident de test oculaire, tandis qu’un dragon gigantesque, et un peu trop corpulent, menace de ravager le donjon si Le Gardien ne trouve pas rapidement un sortilège pour le faire maigrir. La situation est tendue mais les trois mages de ce haut-lieu ne vont quand même pas se priver de lever un peu le coude pour faire passer la soirée. Variation parodique autour du célèbre L’Homme qui rétrécit, ou son pendant familial Chérie j’ai rétrécis les gosses, l’album est tout à fait plaisant et amusant, mais repose sur des ressorts moins surprenants et des gags garnis en bonne quantité de la morve verte de Grogro, particulièrement envahissante. Le traitement visuel proposé par Willy Ohm (Mr Coconut, Bestioles…) se montre lui aussi beaucoup plus enfantin et naïf et certes fait contraster son trait avec la violence et la bêtise régulièrement contée, mais séduit un peu moins que celui de Delaf.

Il faudra bientôt une bibliothèque entière pour contenir l’intégralité de la collection Donjon, et déjà une bonne étagère pour la série Donjon Parade, parenthèse ajoutant quelques péripéties supplémentaires dans la haute destinée d’Herbert et Marvin. Nécromancien pour de faux et Micro-héros rejoignent fièrement cette vaste fresque délirante et confirment que leurs créateurs ont encore et toujours quelques belles lisses poires à nous raconter.