DONJON MONSTERS T.18 : NOCES DE FLEURS

France – 2024
Genre : Fantasy, Comédie
Dessinateur : Aude Picault
Scénariste : Joann Sfar, Lewis Trondheim
Nombre de pages : 48 pages
Éditeur : Delcourt
Date de sortie : 27 mars 2024
LE PITCH
Pour fêter leurs noces de fleurs, Herbert et Isis ont décidé de s’offrir une semaine de cabotage en mer. Mais ce qui devait être une paisible escapade romantique se transforme rapidement en course-poursuite avec d’étranges ennemis qu’ils ont du mal à identifier. Sont-ils seulement la véritable cible de ce raid ?
Jamais trop vieux pour ces conneries
Après avoir manqué de détruire le monde, mais l’ayant finalement plutôt sauvé, les héros de Donjon Crépuscule vivent des jours tranquilles loin des grandes batailles et des bouleversements modernes. La retraite, on appelle ça. Mais tout deux font s’en échapper pour fêter dignement leurs Noces de fleurs.
Si le grand destin de l’univers Donjon s’écoule plutôt ces derniers temps du coté des nouvelles séries Donjon Antipodes (-10 000 et + 10 000 sur la ligne chronologique), cela n’empêche pas ses créateurs de s’offrir quelques petits flashbacks presque nostalgiques et surtout de prolonger certaines périodes. Joann Sfar et Lewis Trondheim s’amusent donc à retrouver, 30 ans après leur mariage et leurs plus haut faits, les figures centrales de Donjon Crépuscule, Herbert et Isis désormais légendes bien oubliées, maudissant leur fils qui a opté pour la mauvaise route, mais se satisfaisant plus ou moins de leur petite vie tranquille. Naturellement, elle ne peut le rester jamais bien longtemps dans cet univers de fantasy rocambolesque où tout le monde semble constamment vouloir s’étriper, partir en quête d’un artefact magique et se venger des uns et des autres. Il y a un peu de tout ça dans ce Donjon Monsters 18 avec notre sympathique couple, ronchon mais pas trop, qui embarque sur le radeau d’Andrée pour aller profiter du soleil sur l’île jaune. Ils sont rapidement la cible de nombreuses attaques, entre jets de flèche, trombes de roches enflammées et volatiles belliqueux, ce qui gâche un peu la croisière.
Dernière bataille avant l’arthrite
Mais en sont-ils vraiment la cible ? En reprenant les armes et en retrouvant leur autorité légendaire, entre deux chamailleries tendres, Herbert et Isis se rendent compte que c’est bien Andrée dont la tête a été mise à prix par un ordre de sorciers et que sa capacité de réveiller les morts est directement liée à un passé relativement commun. Une nouvelle aventure pleine de surprises, de révélations, de combats à l’épée et de cadavre sur le bord de la route où une fois encore les bons mots et les dialogues en mode pingpong fonctionnent à plein, célébrant encore et toujours cette heroic fantasy qui ne se prend jamais vraiment au sérieux mais néanmoins pétris d’esprits dramatique. Les amateurs vont forcément se régaler surtout que les deux protagonistes en mode papy et mamy sont sans doute encore plus amusants, plus blasés et qu’Herbert aimerait bien qu’on le prenne à nouveau un peu au sérieux… Il a été le grand Khan tout de même ! On ne peut pas d’ailleurs s’empêcher de déceler quelques indices d’une volonté d’explorer plus avant encore cet « après » Donjon Crépuscule, preuve que les Sfar et Trondheim s’amusent toujours autant à se balader librement dans leur terrain de jeu.
Ce dernier, ils aiment aussi énormément le partager et en confier les illustrations à de nouvelles signatures. La dessinatrice invitée ici s’appelle Aude Picault (Transat, Idéal standard, Comtesse…) et son graphisme simple et délicat, naïf mais jamais enfantin, s’intègre à merveille dans le tableau général, appuyant autant sur les rides que sur les aspects féériques et chaotiques de Donjon. Une petite pierre de plus à ce vaste édifice crée il y a maintenant 25 ans. Il n’y a pas qu’Herbert et Isis qui ont pris un coup de vieux dans l’affaire.